Bilan de la première saison magnifique de la série “Lycée Toulouse-Lautrec”, diffusée par TF1.
Image en couverture : © Habanita Federation – TF1
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Si l’on s’en tient à la définition stricto sensu, une émotion serait une expérience psychophysiologique de l’état d’esprit, un trouble à la fois complexe et intense, qui survient brusquement, après une stimulation généralement externe. On trouve une très grande variété d’émotions, allant des plus positives (la joie, l’amour…) aux plus négatives (la rage, la peur…). Les émotions sont d’ailleurs le plus souvent des nuances, même si les plus fortes sont très manichéennes.
Et si l’on a souvent parlé de “l’exception culturelle française”, loin de son usage ironique moderne, c’est aussi parce que cette expression représentait la capacité des créateurs tricolores à produire de superbes oeuvres, vecteurs d’émotions. Tant dans le théâtre et la télévision, que dans le cinéma, l’Art de la mise en scène est une qualité dont peut s’enorgueillir la création française. Et ce à l’heure où le cinéma globalisé ne semble plus avoir à proposer que des resucées de héros et de superhéros en costume plastique, dans des franchises nauséeuses (Marvel, DC, Star Wars…). C’est toujours un grand plaisir de découvrir des programmes français qui viennent chatouiller nos émotions, et nous sortir d’une certaine zone de confort…
“Lycée Toulouse-Lautrec” : Un petit bijou !
Et parfois, la beauté vient nous surprendre où l’on ne l’attend pas.
Le 9 janvier 2023, la chaîne TF1 (groupe Bouygues) diffusait les deux premiers épisodes d’une nouvelle série nommée “Lycée Toulouse-Lautrec”. Une série de six épisodes, qui vient raconter la vie d’un lycée pas tout à fait comme les autres, et en même temps si banal, qui accueille des élèves en situation de handicap, dans un spectre très large de situations diverses.
Un lycée qui existe bel et bien : C’est dans le véritable établissement Toulouse-Lautrec, situé à Vaucresson (Haut-de-Seine), près de la forêt de Rueil Malmaison, que la série a été tournée.
L’un des premiers tour de force de “Lycée Toulouse Lautrec”, c’est de parvenir à mettre en scène des acteurs en situation de handicap, parfois lourds, dans une vie quotidienne d’adolescents presque banals, avec des tracas absolument classiques : histoires d’amour et d’amitiés, difficultés familiales et scolaires, sexualité, et homosexualité, harcèlement… La série ne tombe jamais dans le pathos, et l’on est sincèrement touché par ces ados pour leurs tracas – parfois très graves – et pas pour leurs handicaps, même si bien sûr ceux-ci ont un effet d’accentuation.
Du rire aux larmes
Surtout, cette série joue très bien avec une grande variété d’émotions, et sait susciter le rire et la joie : des sentiments forts et positifs qu’il est très difficile de ne pas ressentir devant les petites et grandes victoires qui accompagnent la vie du lycée, au fil de leurs pérégrinations.
Mais elle sait aussi générer des émotions extraordinairement profondes, la tristesse en particulier, et – il faut bien le dire – tirer des torrents de larmes à ses spectateurs. Comme en témoignent d’ailleurs les nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter :
Des personnages attachants, portés par de très bons acteurs
Et c’est bien sûr aux acteurs, professionnels ou non, que revient ce mérite en très grande partie. Si les grandes têtes d’affiches sont largement mises en avant dans les articles maintreams, avec notamment les très belles performances de Stéphane de Groodt et Valérie Karsenti, la présence remarquée et appréciée de Rayane Bensetti, ou les passages cocasses de Bérangère McNeese, c’est surtout l’équipe d’ados qui fait rayonner le programme :
- Ness Merad est une extraordinaire Marie-Antoinette, dont les punchlines cinglantes ont fait la popularité immédiate de la série, mais qui est beaucoup, beaucoup plus que cette jeune fille aussi autoritaire que drôle, et sa recherche de passions amoureuses est absolument touchante.
- Juliette Halloy incarne le personnage clef de Charlie, et sait susciter une empathie terrible qui donnera le coup de grâce aux velléités les plus fortes de résister aux larmes, en ange pâle venue faire ses adieux.
- Hippolyte Zaremba, qui incarne Jean-Philippe, est la très belle révélation des deux derniers épisodes, et le voir en rockeur déchainé ou en ado matinal déjanté était un pur plaisir.
- Adil Dehbi, en Reda, joue un personnage parfaitement pétillant, qui apporte partout des zestes d’humour.
- Aminthe Audiard, qui joue Roxana, incarne très bien les vents contraires qui travaillent les rêves des ados, et leurs recherches d’y parvenir, ou de les abandonner…
- Max Baissette de Malglaive, qui joue Corto, est déjà un acteur confirmé, mais révèle une belle panoplie, tout en nuance, dans Toulouse-Lautrec.
- Margaux Lenot, qui joue Maëlle Guérin, et Nolann Duriez dans le rôle de Hugo, complètent parfaitement l’équipe avec des rôles simples et touchants.
Et comment bien sûr ne pas citer Chine Thybaud, qui joue Victoire, le personnage principal qui articule toute l’histoire avec brio, et magnifie ses partenaires… dont Abraham Wappler, qui joue Jules, le fils du proviseur, mais surtout son petit ami, un ado dont la maladie a brisé une part de rêves mais en découvre d’autres, tout aussi beaux…!
Une très très belle équipe, très touchante et très émouvante, mais aussi réellement drôle, dont Stephane de Groodt, directeur du lycée dans la série, dit dans Var Matin qu’elle lui a mis “une énorme claque” :
“Quand j’ai commencé à tourner face à eux, j’ai pris une énorme claque en pleine figure. On a souvent tendance à ne voir que leur handicap alors qu’ils en tirent une grande richesse à l’intérieur, pour peu que l’on franchisse cette barrière. Désormais, je regarde autrement les personnes handicapées, et avec ces adolescents, je me suis mis à me moquer d’eux comme de n’importe qui, ce qui est très bon signe, d’autant plus qu’ils ont beaucoup d’autodérision.”
Il faut aussi féliciter la productrice Fanny Riedberger, elle-même passée par le vraie lycée Toulouse-Lautrec, et dont le personnage de Victoire est issu. Elle a également été à la réalisation sur les épisodes 1 et 2, avec Nicolas Cuche, et c’est Stéphanie Murat qui a tourné les épisodes 3, 4, 5, et 6, et à qui l’on doit donc les superbes scènes du spectacle et de la soirée !
Un beau succès d’audience
Le lundi 9 janvier 2023, avec la diffusion des deux premiers épisodes de “Lycée Toulouse-Lautrec”, TF1 réunissait presque 3,9 millions de Français, soit 18,5% de part de marché auprès des quatre ans et plus, et prenait la première place des audiences, devant la production à grand budget de France 2 “Vortex”, avec Tomer Sisley ! La semaine suivante, avec les épisodes 3 et 4, les aventures de Marie-Antoinette, Victoire et les autres soutenaient leur succès, gardant la première place, avec 3,3 millions de personnes en moyenne, soit 15,2% du public. Et enfin, le 23 janvier, avec les deux épisodes finaux de la saison, “Toulouse-Lautrec” faisait son plus beau score, et captait l’attention (et les larmes) de 3,6 millions de Français, pour 16,9% de part de marché ! Egalement diffusé en Belgique, “Lycée Toulouse-Lautrec” a également eu de belles audiences, se classant systématiquement en deuxième position !
Une très beau succès sur ses trois soirs de diffusion, qui venait récompenser une production sacrée “meilleure série” au Festival de la Fiction de La Rochelle, en 2022.
Et c’est donc logiquement qu’une saison 2 de “Lycée Toulouse-Lautrec” a été confirmée par Stéphane De Groodt, dans l’édition du 21 janvier 2023 de Var Matin. On n’a pas de précisions quant aux échéances pour cette suite, mais on peut supposer que le tournage devrait se faire courant 2023, et on peut espérer voir cette deuxième saison entre l’automne 2023 et l’hiver 2024 !
