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Une série Harry Potter pour relancer la planche à billet ?

La série Harry Potter semble se confirmer, avec de nouvelles informations de Bloomberg.

La rumeur d’une série Harry Potter reprenant la saga littéraire s’épaissit.

Image en couverture : © Gallimard

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Une série qui était déjà dans le tuyaux

C’était à la fin du mois de novembre 2022 : Channing Dungey, la patronne de la branche Television Studios de “Warner Bros” participait à l’événement “Content London”, un important salon au Royaume-Unis, et répondait à des questions du média américain Variety. Et parmi les points abordés, “Harry Potter” (à lire avec la voix de l’elfe Dobby).

Cette haut placée de la Warner avait expliqué avoir “énormément d’ambition” pour une série Harry Potter, et estimait alors que “le public est prêt” (voir notre article) pour une déclinaison du l’univers dans ce format. Elle n’avait pour autant pas développé plus le sujet, faute de pouvoir apporter d’éléments concrets. Mais ce teasing avait quand même une odeur d’introduction, destinée (peut-être involontairement) à préparer les esprits.

La série Harry Potter (ne) se confirme (pas)

Et c’est donc quatre mois plus tard que les choses semblent se confirmer du côté de la Warner : une série Harry Potter se prépare ! Une information corroborée par plusieurs sources très sérieuses : Deadline, Bloomberg et – encore – Variety. Ces sources indiquent que David Zaslav, le boss de la Warner, et Casey Bloys, chef de HBO, travaillent activement à conclure un accord avec JK Rowling.

Mais personne ne confirme que cet accord soit finalisé. La manœuvre ressemble même à une forme de pression indirecte sur l’autrice de cette saga vendue à 600 millions d’exemplaires dans 85 pays.

La trame narrative de la série en question serait très simple : chaque saison de cette série reprendrait un livre de la saga, et traiterait donc d’une année dans la scolarité du “petit pote Potter” et de ses compères Ronald Weasley (à lire avec la voix de la beuglante) et Hermione “une-insupportable-je-sais-tout” Granger. Un format judicieux d’un point de vue narratif, car il permettrait de traiter en profondeur les intrigues développées au fil des milliers de pages des sept romans de JK Rowling.

Un univers large et trop partiellement traité au cinéma

Un choix qui viendrait donc corriger l’un des principaux écueils de la saga cinématographique existante. Car si les films ont trouvé leur public, et restent toujours très populaires après bientôt deux décennies, ils ont fait l’impasse sur d’innombrables points importants des scénarios de chaque livre.

Comment ne pas penser au massacre qu’est le quatrième film, qui est pourtant l’un des meilleurs livres de la saga Harry Potter, et qui joue une place centrale dans la narration globale, faisant basculer la vie du jeune Potter et celle du monde des sorciers. Comment ne pas penser au très imparfait sixième film, qui s’attarde beaucoup sur l’intrigue du livre de potion et du souvenir, mais fait totalement l’impasse sur la vie du jeune Jedusor et sa quête sans pitié des artefacts de Poudlard.

Même le septième livre, qui a eu droit à un traitement de faveur en étant découpé en deux chapitres au cinéma, pourrait bénéficier largement d’un format “série”. Loin des attentes spectaculaires du cinéma d’action de grand écran, qui donne une “bataille de Poudlard” longue et parfois laborieuse, une série pourrait permettre de nuancer la progression narrative tragique du septième tome, et faire monter cette tension mortelle et cette angoissante certitude qui pèse peu à peu sur les épaules de Harry et Hermione. Et si les fans des films ont toujours les yeux humides lorsque Rogue anime sa baguette et dit « à jamais », on peut espérer que ce chapitre crucial de l’histoire puisse être beaucoup mieux traité dans un format long.

Aussi, une série pourrait développer la vie des adolescents que sont les personnages de Harry Potter. Romances, scolarité, doutes, joies et peines, la vie des élèves de Poudlard n’est pas qu’une succession de professeurs criminels et de morts dans la saga littéraire.

En bref, les arguments scénaristiques ne manquent pas pour une série.

Pour autant, les fans de l’univers, et des films en particulier, pourraient ne pas apprécier de voir déjà de nouveaux acteurs venir empiéter sur l’image acquise par les interprètes originaux. Alan Rickman reste encore aujourd’hui dans la communauté un acteur mythique pour son interprétation de Rogue, et les larmes n’ont pas encore eu le temps de sécher pour Robbie Coltrane (Hagrid), disparu il y a quelques mois seulement. Plus largement, les conventions Harry Potter sont toujours enthousiastes de venir voir les jumeaux Phelps, Evanna Lynch, et le reste du casting ado. Quant aux acteurs principaux du trio, inutile de dire que leur vie est aujourd’hui encore totalement façonnée par le succès de la saga, même si Emma Watson a pu prendre une envergure différente, de part son engagement notamment.

Un choix (d’abord) rentable ?

Alors, entre une série qui semble un format propice à adapter la saga papier “Harry Potter” au format vidéo, et un attachement du public à la première génération de films, qui s’est clot il y a seulement une douzaine d’années, comment choisir ?

L’argent pourrait bien être le juge de paix : entre 2001 et 2011, les huit films Harry Potter ont généré des ventes de billets dans le monde de plus de 7,7 milliards de dollars. Une manne directe qui s’est accompagné de la manne indirecte : un parc à thème, des produits dérivés… Harry Potter est une franchise commercial qui ne peut pas toujours vivre sur le souvenir de livres finalisés il y a déjà quinze ans et de films à peine moins âgés.

Une série engagerait l’univers Harry Potter sur un nouveau cycle d’une décennie : sept saisons (pour sept années à Poudlard) seraient difficilement réductible à moins de 8 à 10 ans en terme de production et de distribution. Et si la série est un succès, les producteurs et détenteurs des droits “Wizarding Worlds” peuvent espérer pouvoir surfer dessus pendant une à deux décennies.

Ce qui nous amènerait alors quelque part autour de 2050, dans un monde où ChatGPT aura probablement remplacé les humains. Les robots aiment-ils les sorciers ?