Le mouvement du 31 janvier 2023 a été un succès quantitatif, à Paris et dans la France entière.
Image en couverture : © Marie-Claire Barthès
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Une réforme des retraites impopulaire
S’agit-il seulement d’une réforme paramétrique ? Est-elle juste, ou injuste ? Quoi que l’on puisse penser de ces questions, la réforme des retraites portée par la Première ministre Élisabeth Borne et le Président Emmanuel Macron est extrêmement impopulaire.
Et notamment chez les actifs, et plus largement les français en âge de travailler, qui sont 93% à penser que l’âge légal de départ en retraite de 62 ans ne devrait pas être rehaussé, d’après une enquête de l’institut Montaigne publiée le 12 janvier 2023.
Mais le monde étudiant et les lycéens partagent cette vision et viennent rejoindre la mobilisation. Manés Nadel, 15 ans, Responsable fédéral Paris de “La voix lycéenne” expliquait au micro de BFM TV que le “but du gouvernement c’est de mettre les lycéens au service du capital le plus vite possible” et de les faire “travailler beaucoup plus longtemps”.
Une mobilisation d’ampleur en France et à Paris
Alors, après un premier mouvement national le 19 janvier 2023, c’est une deuxième journée d’action qui était organisée par les syndicats ce mardi 31 janvier .
D’après les chiffres de la Préfecture de police, ce sont 1 272 000 manifestant(e)s qui ont été recensé(e)s sur l’ensemble de la France, un chiffre légèrement supérieur à celui de la première manifestation, où 1,12 millions de personnes étaient dénombrées. Selon la CGT, les français étaient 2 800 000 dans les rues le 31 janvier 2023, et le syndicat en comptait 2 millions lors de la première journée de mobilisation.
Et si ce mouvement a une telle ampleur, c’est parce qu’il mobilise plus que les précédents, en terme de géographie comme de sociologie : les observateurs voient des participations du privée et des classes moyennes qu’ils n’ont pas l’habitude de voir se mobiliser. De plus, c’est aussi un mouvement qui n’est pas concentré que dans la capitale et les les grandes villes. Au contraire, on note partout la mobilisation de “la France des sous-préfectures” : Mulhouse, Besançon, Avignon, Béziers, Ajaccio, Valence, Bourges, Beauvais, Narbonne, Laval, partout dans ces villes et ailleurs, des manifestations ont rassemblé des milliers de personnes conte la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier.
Mais bien sûr, la mobilisation à Paris reste une donnée clef pour jauger la popularité du mouvement. Le jeudi 19 janvier, entre 80 000 (selon la police) et 400 000 personnes (selon la CGT) avaient manifesté dans les rues de Paris. Aujourd’hui, la préfecture comptait 87 000 participants à Paris, le cabinet indépendant Occurence en dénombrait 55 000, et la CGT avance le nombre de 500 000.
Fait rare, pour cette manifestation comme pour la précédente, les violences, les agressions et les pillages n’ont pas été beaucoup relevés, à contrario des épisodes hebdomadaires observés lors de la longue séquence des Gilets Jaunes, ou lors de nombreuses manifestations depuis. Seules 23 interpellations étaient recensées à 18h à Paris.
Et si la manifestation du 19 janvier voyait un journaliste espagnol être mutilé par un geste violent d’un fonctionnaire de police, aujourd’hui c’est une agression entre journalistes eux-même qui est à relever : le reporter du média Boulevard Voltaire (marqué très à droite) Jordan Florentin dit avoir été violemment agressé par Daphné Deschamps et Maxime Sirvins, journalistes chez Politis et Libération, marqués très à gauche.
La Place d’Italie bondée, et avec de nombreux cortèges
Des incidents qui semblent anecdotiques au regard de la mobilisation massive à travers le pays, et notamment à Paris. Le point de départ de la manifestation se trouvait Place d’Italie, dans le 13ème arrondissement. Une place circulaire de plus de 200 mètres de diamètre, qui était était totalement remplie par une foule dense, unie dans une volonté de refus de la réforme des retraites.
Les photos ci-dessous, prises par la photographe Marie-Claire Barthès, montrent la densité importante de manifestants Place d’Italie, au milieu de l’après-midi, le 31 janvier 2023 :


Et comme la place était le point de départ, une succession de cortèges aux couleurs bien visibles se frayait tant bien que mal un passage au milieu des manifestants :

Avec parmi ceux-ci, le cortège OXFAM, et sa présidente Cécile Duflot tenant la banderole :


Suivait le cortège UNSA :


Puis le cortège CFDT :


Et le cortège CFE CGC :

Une présentation non-exhaustive, mais qui illustre l’ampleur extrêmement importante de cette manifestation à Paris, et notamment à son point de départ, Place d’Italie. Comme lors de la première journée de mobilisation, un itinéraire secondaire a d’ailleurs du être ouvert par les organisateurs, pour désengorger l’avenue des Gobelins (qui part de la Place d’Italie).
Prochaines mobilisations prévues contre la réforme des retraites : les mardi 7 février et samedi 11 février 2023.