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Emeutes de juin 2023 : le bilan de la deuxième nuit de violences ville par ville

De Nanterre à Toulouse, des milliers de heurts violents ont touchés les plus grandes villes de France lors de la nuit d'émeutes du 28 au 29 juin 2023. Retour en détail sur les principaux faits à retenir de cette nouvelle nuit de violence en France.

De Nanterre à Toulouse, des milliers de heurts violents ont touchés les plus grandes villes de France lors de la nuit d’émeutes du 28 au 29 juin 2023. Retour en détail sur les principaux faits à retenir de cette nouvelle nuit de violence en France.

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Une deuxième nuit d’émeutes partout en France

Dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juin, plusieurs dizaines de villes en France ont été touchées par de longues heures d’émeutes, où des dizaines – et parfois des centaines – d’assaillants ont pris pour cible tout ce qui se trouvait sur leur passage : des arrêts de bus aux commissariats, en passant par les voitures, les magasins et les écoles.

Les émeutiers ont ciblé en particulier les policiers, mais s’en sont pris aussi aux pompiers et à certaines ambulances. Certaines vidéos montrent aussi les agresseurs tirer au mortier sur des femmes en pleine rue (à la Courneuve), et directement dans des immeubles d’habitations, à l’intérieur d’appartements où dorment des habitants.

Des centaines de personnes (policiers, pompiers mais aussi civils, parfois des femmes et des enfants directement chez eux) ont été blessés. Les incendies et les dégradations ont causé plusieurs dizaines de millions d’euros de dégâts, peut-être même plus de cent millions d’euros, en fonction de la gravité des dégâts définitifs qui a touché certaines installations publiques, comme une ligne de tramways ou plusieurs centres culturels.

Deuxième nuit d’émeutes de juin 2023 : le bilan des principaux faits en Île-de-France

Pour cette nouvelle nuit d’émeutes en Île-de-France, on dénombre plusieurs centaines de voitures brûlées, ainsi que plusieurs dizaines de camionnettes et de camions, des bus, et même un tramway.

Plusieurs dizaines de policiers ont été blessés, ainsi que plusieurs pompiers qui intervenaient sur les centaines de feux. Des ambulanciers auraient également été violemment agressés par des tirs de mortiers et des jets de pavés, alors qu’ils venaient en aide à des blessés.

Voici ville par ville les principaux faits à retenir des émeutes qui ont eu lieu dans la nuit du 28 au 29 juin, dans les départements d’Île-de-France. Il faut noter que l’ensemble des faits listés s’accompagnent des “violences ordinaires” : heurts avec les forces de l’ordre, vols, voitures brûlées, abri bus saccagés, vitrines brisés…

  • Yvelines (78) :
    • À Trappes, le commissariat a été directement ciblé. La Merise (une halle culturelle) a été éventrée, pillée et saccagée, tout comme plusieurs superettes de la ville. La veille, c’était à Mantes-la-Jolie que la mairie annexe avait été incendiée.
    • À Guyancourt, des poteaux soutenant des caméras ont été découpées à la disqueuse, en pleine ville.
    • À Meulan-en-Yvelines, la maison des associations a été prise pour cible, et partiellement incendiée.
  • Hauts-de-Seine (92) :
    • À Nanterre : L’épicentre des émeutes a été l’objet de très nombreux actes de la part des émeutiers, largement documentés par d’autres articles de presse. On relève cependant en particulier qu’un policier a été victime de plusieurs tirs de mortier dans le dos (voir les images plus bas). Un centre ENEDIS a pris feu. Les CRS ont dû fuir la cité Pablo Picasso sous les projectiles, alors que leurs camion étaient caillassés.
    • A Clichy, une vidéo montre un individu lançant une grenade vers les policiers.
    • À Gennevilliers, le commissariat a été visé par des tirs de mortiers et touché par un incendie.
    • À Asnières-sur-Seine, des individus ont attaqué à la disqueuse un distributeur automatique de billets, alors que d’immenses incendies touchaient un autre quartier pour faire diversion. Le tribunal a été pris d’assaut, et un membre de l’équipe « a failli mourir brûlé cette nuit » d’après Eric Dupond-Moretti.
    • À Meudon, des émeutiers ont pénétré dans le commissariat de la ville, se filmant aux cris de “C’est nous les condés”.
    • À Clamart, un tramway de la ligne 6 de la RATP a été totalement détruit en pleine voie, au milieu de la ville.
    • À Châtenay-Malabry, c’est un tramway de la ligne 10 qui a été incendié. Un tramway flambant neuf, la ligne ayant été ouverte le samedi précédent, il y a moins d’une semaine.
  • Seine-Saint-Denis (93) :
    • À Bagnolet, le commissariat a été saccagé et incendié.
    • À Romainville, le maire de la ville, François Dechy, dit avoir assisté impuissant au saccage du Trianon, salle de cinéma dont le bâtiment est classé, et raconte : « On a reçu plus de 200 appels d’habitants effrayés qu’il n’y ait aucun secours disponible. (…) La ville a été livrée aux émeutiers, les forces de l’ordre et les pompiers ne se déplaçaient qu’en dernier recours ».
    • À L’Ile-Saint-Denis, l’hôtel de ville a été partiellement brûlé.
    • À Montreuil, des émeutiers ont créé “une alliance inter-quartier” avant d’aller viser la mairie de la ville, avec des tirs de mortiers et des cocktails molotovs, provoquant un début d’incendie.
    • À Aulnay-sous-Bois, un camion a été volé et incendié, et le Aldi a été entièrement pillé.
    • À Neuilly-sur-Marne, toutes les voitures de la police municipale ont été incendiées, et “Tout est détruit” à l’intérieur du bâtiment, selon Henriette Martenot, déléguée au logement de la commune, cité par BFM.
    • À Drancy, les émeutiers sont rentré dans le centre commercial de la cité Gagarine, avant de s’en prendre aux commerces.
    • À La Courneuve, des individus ont tiré à coup de mortier sur des prostituées. Dans la même ville, des tirs de mortiers ont visé l’intérieur d’appartements, pour tenter de mettre le feu aux immeubles.
  • Essonne (91) :
    • À Vigneux-sur-Seine, des caméras de vidéosurveillance ont été détruites à coup de fusil à pompe.
    • À Grigny, un bus a été incendié.
    • À Viry-Châtillon, la vielle, un bus avait aussi été incendié, en plus des heurts et des voitures brûlées.
    • À Athis-Mons, un bus a été volé, qui a ensuite été utilisé pour faire une parade dans le quartier, avant d’être jeté contre les forces de l’ordre.
  • Val-de-Marne (94) :
    • À Champigny-sur-Marne, dans le quartier du Bois-l’Abbé, le commissariat a été attaqué.
    • À Vitry-sur-Seine, de très nombreux incendies, notamment d’un camion en pleine rue.
  • Val-d’Oise (95) :
    • À Garges-lès-Gonesse, la mairie a été ciblée et touchée par un départ d’incendie.
    • À Bezons, une école primaire a été incendiée.
    • À Argenteuil, un Optic 2000 a été pillée.
  • Paris (75) : Dans Paris, le quartier de Belleville a été le théâtre d’affrontements particulièrement violents, mais la capitale a été relativement épargnée par les heurts et les violences.

Une liste longue, mais largement incomplète : A Saint-Denis, Velizy, Créteil, Argenteuil, Colombes, Villejuif, Courbevoie ou encore Aubervilliers, des faits du même niveau de gravité ont été observés.

Deuxième nuit d’émeutes de juin 2023 : le bilan des principaux faits dans les autres villes de France

En dehors de l’Île-de-France (où se trouve la ville de Nanterre), les chose ont également été très graves partout en France. Voici une liste partielle des principaux faits à retenir de cette deuxième nuit d’émeutes en France :

  • À Amiens, une médiathèque en construction a été incendiée : un investissement à 3 millions d’euros réduit en cendre. On relève aussi des bus et des voitures brûlés en très grande quantité dans plusieurs quartiers de la ville. Un centre municipal d’activités pour la jeunesse, l’Odyssée, a aussi été incendiée, et une ancienne école accueillant une association d’insertion a été totalement vandalisée.
  • À Évreux, un batiment administratif (l’hôtel d’agglomération) a été incendié.
  • À proximité de Creil, il y a eu une tentative d’incendie à la mairie de Villers-Saint-Paul et dans le commissariat de la ville.
  • À Wattrelos, un centre social a été touché et le LIDL a été complètement détruit suite à un incendie. D’après La Voix du Nord, “Les pompiers n’ont eu d’autre choix que de rebrousser chemin et de quitter les lieux, face à la violence.”
  • À Villeurbanne, un immeuble a pris feu après des tirs de mortiers d’artifice, quatre personnes ont été intoxiquées et hospitalisées.
  • La mairie de Mons-En-Baroeul, près de Lille, a été saccagée. Des équipements de CRS y ont été dérobés : casques, tenues, armes…
  • À Lyon, quinze membres des forces de l’ordre et de secours ont été blessés dans la métropole, et quatre personnes ont été interpellées. La mairie de Décines a été incendiée.
  • A Toulouse, c’est en fin de journée le 28 juin que les choses ont commencé à dégénérer dans le quartier de La Reynerie, et plus largement dans le grand Mirail. Un fourgon en feu a aussi été utilisé dans le quartier de Bagatelle.

On relève aussi des faits très graves dans les banlieues de Nantes, Rennes, Dijon, Roubaix, Montpellier, ou encore Bordeaux. Au total, partout en France, 150 personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi.

Sur les réseaux sociaux, certains émeutiers ont partagé une grande fierté pour leurs actes. Voici quelques témoignages :

  • “Ce soir ça casse du bleu apres on ira se faire un bon ptit gueuleton avec un bon otacos des familles derrière la cravate. Et on prendra des snapchat pour impressionner les louloutes. Oh yeah!”
  • “Cette nuit on a vraiment vécu quelques choses de fou #emeutes”
  • “Ptdddrr cette soirée restera gravée à jamais dans l’histoire de la France merci”
  • “C’est bon {…} il faut tirer à balle réelles maintenant”

Enfin, citons Victoria Tedeschi, qui note le côté paradoxal des émeutiers, non sans une certaine lucidité : “Notons qu’on a quand même affaire aux couteaux les plus aiguisés du tiroir. Ils passent 4h à peter des caméras de surveillances pour se filmer en long en large et en travers entrain de faire les reusta sur snapchat.”