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Hugo Clément grossièrement censuré après son passage à Impact2 ?

Le journaliste Hugo Clément dénonce une censure après plusieurs faits troublants autour de sa participation lors de l'événement Impact 2, le 1er juin 2023, à la mairie de Paris.

Invité lors de l’événement Impact2 le 1er juin 2023, le passage où Hugo Clément cite plusieurs personnalités dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, a été retiré des images de son intervention qui lui ont été fournies à contre-coeur par l’organisateur, INCO. Son nom semble même avoir été effacé de toute communication autour de l’événement, de LinkedIn aux images officielles.

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Hugo Clément victime de censure ?

Le 9 juin au matin, le journaliste écologiste et fervent défenseur de la cause animale Hugo Clément s’insurge : “Hallucinant. Mon discours à la mairie de Paris, durant lequel j’ai dénoncé certaines décisions d’Anne Hidalgo et de Carole Delga, a été censuré.”

Le mercredi précédent, le mercredi 31 mai, il avait été invité à s’exprimer sur la biodiversité lors d’un évènement qui se tenait à l’hôtel de ville de Paris, intitulé « Impact2 ». Avec du beau monde dans le public, et dans les invités : le ministre Sébastien Lecornu, le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, Anne Hidalgo, ou encore Nicolas Schmit, Commissaire européen pour qui travaillait (ou travaille encore) directement l’organisateur Nicolas Hazard.

Une intervention que Hugo Clément précise avoir été faite “bénévolement” : une défense préventive, alors que le magazine L’Express indiquait le 5 juin dernier que la militante Camille Etienne, écologiste également, facturerait certains événements de ce type entre 2000€ et 7000€.

Et une intervention plutôt courte, d’une quinzaine de minutes seulement, orientée autour de l’importance de la biodiversité : “Dans ce discours, je donne des chiffres, je parle d’études scientifiques, et je dénonce une série de mesures prises par des responsables politiques. Je parle de M. Fesneau qui défend les pesticides, du gouvernement qui soutient l’élevage intensif, de L. Wauquiez qui utilise de l’argent public pour la chasse…”

Une intervention filmée simultanément par plusieurs caméras dans la salle, comme le montrent les différents plans parfaitement montés visibles de Hugo Clément des autres intervenants de « Impact2 ».

Pendant son discours, Hugo Clément, fidèle à ses convictions, ses valeurs et ses engagements, se fend d’une longue anaphore, où il cite notamment Anne Hidalgo, pour les nombreux arbres qu’elle abat dans Paris (ce qui fait qu’une température de 59°C a pu être enregistrée sur la dalle de la Place de la République en juillet 2022 : voir notre article).

Mais il cite Anne Hidalgo comme il cite Carole Delga, favorable à la construction d’une autoroute dans le Tarn, entre Castres et Toulouse. Comme il cite Laurent Wauquiez, les chasseurs, les traditions barbares et les rituels religieux d’un autre temps. Selon Hugo Clément, “rien de méchant” ne vise la Maire de Paris.

Avant l’événement Hugo Clément avait demandé à l’organisateur de l’évènement, INCO, de pouvoir récupérer les images de son intevention “pour pouvoir les partager sur mes réseaux sociaux”.

Le lendemain, jeudi 1er juin, il fait une première demande : “Dans un premier temps, l’organisateur me dit qu’il reviendra vers moi plus tard. Je patiente. Puis, mardi dernier, après plusieurs relances, l’organisateur me renvoie vers un média numérique que je ne connaissais pas, « Blonde média », et qui a capté l’événement.”

Sauf qu’en contactant le média Blonde, les choses tournent au vinaigre pour Hugo Clément : “Je contacte donc le fondateur de ce jeune média, et lui demande de m’envoyer les images de mon discours. Au début, il refuse, car il veut les diffuser lui-même sur son compte. Quand j’insiste, il propose de me vendre les images (!) de mon intervention bénévole.”

S’en suivent des échanges houleux, et Hugo Clément reçoit finalement les images de son intervention “SAUF le passage où je parle d’Anne Hidalgo et de Carole Delga, avec une coupe faite à la hache”.

Surprenant, et si on pouvait douter que cette coupe est intentionnelle : “Autre chose : le panneau sur le pupitre, sur lequel figurait le logo de la mairie de Paris et des indications de lieu et de date, a été effacé.” Voici une image, où le pupitre est effectivement nettoyé des logos de la Mairie de Paris, de INCO et de Impact2.

Hugo Clément, au pupitre lors de l’événement Impact 2, duquel les logos “Mairie de Paris”, “INCO” et “Impact2” ont été retiré numériquement.

Le nom de Hugo Clément a aussi été retiré des visuels de Impact 2 sur le site de l’événement :

  • Le visuel actuel :
  • Un ancien visuel, où apparait clairement Hugo Clément comme un des “Speakers”, au même titre que les quatre autres noms toujours présentés sur le site de INCO :

Sur LinkedIn, INCO efface toute trace de l’intervention de Hugo Clément

Dans la communication que INCO a fait sur Linkedin de son événement, trois jours plus tard, rien ne laisse deviner que Hugo Clément en a fait parti : il n’est présent sur aucune photo, et son nom n’est cité ni dans le texte, ni dans les “tags”, où sont pourtant cités Anne Hidalgo, Nicolas Hazard, Nicolas Schmit, Sébastien Lecornu, Muhammad Yunus et une quinzaine d’autres personnes.

Voici le post en question :

Hugo Clément totalement oublié de la communication que INCO a fait sur LinkedIn de son événement Impact2

Toujours dans son post Twitter du 9 juin, le journaliste Hugo Clément commente la situation globale, et accuse une censure :

“Une bonne vieille censure à l’ancienne… {…}

Franchement, je trouve ça hallucinant. Quand on est élu, il faut accepter la critique et sa libre expression. Je ne sais pas qui a pris la décision de censurer ce passage, s’il s’agit d’une demande de la mairie ou d’un zèle des organisateurs, mais c’est nul.

Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il s’agit d’un problème technique. Car la chance qu’il survienne pile poil au moment du passage sur Anne Hidalgo et Carole Delga, à la seconde près, est à peu près nul.”

Le passage en question dans son intégralité

Le passage “censuré” de Hugo Clément à la Mairie de Paris, où il cible nommément (notamment mais pas que) Carole Delga et Anne Hidalgo, mais aussi Laurent Wauquiez et Jean-François Copé, restitué dans son intégralité :

“On vit dans un pays où le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, utilise l’argent public pour inciter les jeunes à passer le permis de chasse, alors que les chasseurs tuent déjà plus de vingt millions d’animaux chaque année dans notre pays.

On vit ans un pays où des associations ont dû batailler en justice pendant des années pour faire interdire la chasse à la glu qui piégeait les oiseaux de manière extrêmement cruelle et qu’aucun gouvernement n’a eu le courage d’interdire.

On vit dans un pays ou l’abattage sans étourdissement, qui consiste a égorger un animal en pleine conscience, est encore autorisé pour des motifs religieux.

On vit dans un pays où le déterrage des blaireaux et le massacre des renards – animaux pourtant indispensables à nos écosystèmes – sont encore autorisés.

On vit dans un pays où la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga soutient la création d’une nouvelle autoroute qui va provoquer la coupe de centaines d’arbres et le bétonnage de terres agricoles pour gagner à peine quinze minutes de trajet.

On vit dans un pays où le maire de Meaux, Jean-François Copé, a rasé des arbres pour redessiner un square en forme de guitare, parce qu’il trouvait ça joli. Chacun ses goûts. Les oiseaux, on s’en fout.

On vit dans un pays où la maire de Paris, Anne Hidalgo – qui n’est plus dans la salle malheureusement – fait couper des dizaines d’arbre, et notamment à Porte de Montreuil, pour construire des bâtiments, en disant que d’autres arbres seront plantés à la place. Alors que les scientifiques expliquent depuis des décennies que la plantation d’un nouvel arbre ne remplace jamais la coupe d’arbres matures dans lesquels vivent les animaux.

On vit dans un pays où un parti écolo, Europe Ecologie Les Verts, a investi aux législatives un militant pro-corrida, Nicolas Cadène, qui défend cette tradition barbare qui consiste à torturer un taureau jusqu’à la mort. Il a des alliés pour défendre cette tradition, notamment le Rassemblement National, Reconquête, les Républicains ou encore Renaissance.

Bon, j’ai un peu cassé l’ambiance désolé…”

Une longue énumération, où Anne Hidalgo n’est que l’une des personnalités citées, tout comme Carole Delga.

Quant au chantier que mentionne Hugo Clément, où des arbres sont abattus avec l’aval de la maire de Paris, de nombreuses personnalités rejoignent le journaliste.

Comme Gilles Robel, membre du parti Europe Ecologie Les Verts en Seine-Sainte-Denis. Celui-ci tweet : “Merci à Hugo Clément de souligner combien la politique de Anne hidalgo a Porte de Montreuil est aberrante et contradictoire avec tout ce qu’elle fait par ailleurs pour luter contre le réchauffement. Rappelons que ce projet pur béton est soutenu par le PCF, GenerationS, LFI…”

La réponse du média Blonde

Pour Blonde, le problème de cette séquence disparue viendrait de ce que “le caméraman a dû changer la batterie de l’appareil” : alors que plusieurs caméras captaient les images, comme le montrent largement les autres vidéos diffusées de l’événement.

Quant à la retouche du pupitre où s’exprimait Hugo Clément, et où ont disparu les logos “Mairie de Paris”, “INCO” et “Impact2”, le média justifie : “Nous avons décidé d’effacer la mention de l’événement pour lequel nous nous réservons l’exclusivité du traitement médiatique au travers des images prises par nos équipes.”

Voici la réponse du média Blonde, dans son intégralité :

“La rédaction de Blonde média découvre avec étonnement les tweets d’Hugo Clément de ce matin.

Notre média était sur place pour la couvrir l’événement dans le cadre d’un sujet sur l’économie sociale, avec de faibles moyens de productions.

Suite aux incessantes relances d’Hugo Clément à notre encontre pour accéder à nos images, que nous n’étions nullement tenus de livrer, nous avons décidé qu’au regard de nos engagements communs sur les questions de luttes climatiques, leur diffusion à un public plus large serait toujours bénéfique.

Concernant le passage évoqué, le caméraman a dû changer la batterie de l’appareil photo pendant le discours d’Hugo Clément pour espérer en capter la majeure partie. Si la saute concerne bien la partie du discours mentionnant la Maire de Paris elle concerne aussi un passage sur Jean-François Copé et n’a aucun lien avec les services de qui que ce soit. Ces images n’ayant pour but que de servir le traitement de notre propre sujet.

Nous rappelons que les images détenues par un média et leur traitement relèvent jusqu’à la diffusion de l’indépendance des médias, principe auquel nous sommes extrêmement attachés.

Compte tenu du fait que nous acceptions de livrer des images journalistiques, produites par nos équipes avant même le montage de notre sujet, nous avons décidé d’effacer la mention de l’événement pour lequel nous nous réservons l’exclusivité du traitement médiatique au travers des images prises par nos équipes.

Nous regrettons d’être pris dans une polémique qui dépasse très largement nos prérogatives, notre mission et notre engagement bénévole au sein de l’association qui porte le projet de Blonde média, libre de tout lien et de toute pression extérieure.”

Alors, maladresse technique improbable ou censure difficile à attribuer, difficile à dire. Mais Hugo Clément semble bel et bien avoir été victime d’une volonté externe.