Après les déclarations du ministre Gabriel Attal, le premier réseau social de France a fait l’objet d’un ébat houleux : favorable à l’interdiction, ou au contraire en faveur d’une autorisation complète de l’abaya dans les établissements scolaires.
Auteur / Autrice :
Gabriel Attal annonce l’interdiction des abayas dans les établissements scolaires
D’après une étude publiée par l’Ifop en décembre 2022, deux enseignants sur trois estiment que les tenues type Abaya ou Qamis ont un caractère religieux. D’après une seconde étude parue en avril suivant, 21% des enseignants ont déjà été “menacés ou agressés pour des motifs de
nature identitaire ou religieuse”. Un chiffre qui monte à 39% en REP. D’ailleurs, en REP, 65% des enseignants se sont déjà autocensurés pour éviter de possibles incidents sur les questions de religion.

En France, si l’on se réfère à la loi du 15 mars 2004, “dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit“.
Une circulaire publiée quelques semaines plus tard, le 18 mai 2004, précise que “les signes et tenues qui sont interdits sont ceux dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse tels que le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive“.
Depuis bientôt vingt ans, le débat revient de manière récurrente, alors que la place de la religion se développe dans les établissements scolaires. Une place forcément plus importante, alors que la proportion d’étrangers en France n’a jamais été aussi importante, comme l’indiquent les chiffres de l’INSEE (voir notre article dédié), et qu’une grande partie de cette proportion est directement issue de pays musulmans.
Conséquence, le nouveau ministre de l’Education Nationale Gabriel Attal a fait valoir que “Ces derniers mois, les atteintes à la laïcité se sont considérablement accrues, avec notamment le port de tenues religieuses comme les abayas ou les qamis qui ont fait leur apparition – et se sont installés parfois – dans certains établissements“.
D’après des chiffres cités par Radio France, “ces atteintes à la laïcité ont augmenté de 120 % entre l’année scolaire 2021/2022 et 2022/2023, selon une note des services de l’État”. Et : “Le port de signes et tenues, qui représente la majorité des atteintes, a quant à lui augmenté de plus de 150 % tout au long de la dernière année scolaire.”
Alors, le ministre a tranché, soutenu directement par Emmanuel Macron sur le sujet : aller à l’école en portant un abaya (ou un qamis) est “un geste religieux, visant à tester la résistance de la République sur le sanctuaire laïque que doit constituer l’École”. Dimanche soir, sur le plateau de TF1, le ministre a expliqué : “Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant “. Le ministre de l’Éducation nationale a précisé le 28 août les modalités de mise en œuvre de l’interdiction de l’abaya et du qamis à l’école.
Un changement de ton drastique, qui accompagne un changement de politique qui ne l’est pas moins : l’éducation nationale prend le virage de la rigueur et de la laïcité, alors qu’elle était précédemment dirigée par un idéologue sensiblement différent sur ces sujets.
Un changement de ton qui a beaucoup fait réagir sur le premier réseau social de France, Twitter (ou X), seule plateforme où s’échangent et se confrontent les idées. L’interdiction de l’abaya décidée par “le jeune Attal” comme l’appelle son “ami” Charles Consigny a enflammée Twitter, et deux camps s’affrontent depuis maintenant deux jours : le camp des personnes favorables à l’interdiction du port de l’abaya, et le camp des personnes favorables à son autorisation.
Avant de passer à un état des lieux des personnes favorables à l’interdiction décidée par le ministre, ces mots pertinents et sages du compte @TvlCampagnol :
Ceux qui sont favorables à l’interdiction
On trouve des noms connus parmi les personnalités de premier plan favorables à l’interdiction de l’abayas dans les établissements scolaires. Comme la Secrétaire d’État chargée de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, qui soutien le ministre Gabriel Attal :
Ou Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT qui pense évident “d’interdire” l’abaya :
Sans surprise, le très engagé Jean Messiah donne de la voix, plutôt sur le bord le plus à droite du débat :
On retrouve aussi la tout aussi engagée mais plus centriste Zohra Bitan, visage historique des Grandes Gueules sur RMC :
Un autre chroniqueur des Grandes Gueules prend position en faveur de la direction prise par l’Etat, Kevin Bossuet :
Et la journaliste Céline Pina :
L’ancien flic controversé Bruno Attal :
On trouve aussi la journaliste Emmanuelle Ducros :
Et l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, dont une conférence sur les Frères musulmans à La Sorbonne avait été annulée pour « des raisons de sécurité » il y a quelques mois seulement :
Plusieurs comptes mineurs à quelques milliers d’abonnés partagent également ce point de vue :
D’autres veulent aussi aller plus loin, dans ce qui semble devenir un combat globale en faveur des droits des femmes et des enfants :
Certains comptes profitent du débat pour verser dans la politique-fiction sarcastique :
Le spectre des personnalités favorables à l’interdiction de l’abayas est donc particulièrement large.
Ceux qui sont favorables à l’autorisation
Qu’en est-il en revanche dans l’autre camp ?
Ils ne sont pas nombreux à défendre le porte de l’abayas dans les établissements scolaires. De fait, en dehors des représentants les plus virulents de l’extrême-gauche, presqu’aucun représentant politique ne soutient l’artefact religieux. Mais certains le font avec humour comme par exemple le député LFI Hadrien Clouet :
Le député LFI également Paul Vannier déplace le problème dans une vision plus large, “une polémique raciste et islamophobe” :
La député LFI Danielle Obono pense que “L’interdiction de l’abaya est anti-laïque, sexiste et raciste.” :
Quant au député LFI Antoine Léaument :
La députée LFI Clémentine Autain :
La Conseillère régionale IDF issue de LFI, Julie Garnier, dénonce le deux poids deux mesures :
L’ancienne ministre Cécile Duflot tente une habile comparaison avec une robe Gucci à 2980€ issue de sa garde-robe :
Elle n’est pas la seule à tenter de montrer des différences peu perceptibles entre abayas et d’autres vêtements :
On trouve aussi une partie de la presse pour soutenir l’abaya, comme Pablo Pillaud-Vivien (qui a retweeté son propre passage) :
Ce dernier est d’ailleurs particulièrement ciblé :
Et d’autres personnalités suivies par plusieurs milliers d’abonnés se positionnent en faveur de l’abayas, évoquant massivement l’islamophobie. Comme ici l’avocat Rafik Chekkat :
Ou d’autres :
La position de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet est jugée hypocrite, et les archives ressortent pour tenter d’illustrer comment le leader d’extrême gauche à changer radicalement d’opinion en quelques années :
Face à l’interdiction de l’abayas, la Hijra comme solution ?
De nombreux internautes ont exprimé leur volonté de faire la Hijra, à savoir partir vivre dans un pays entièrement musulman, où vivre leur foi sans entrave. Une expression soit par des posts, soit par les likes et partages massifs de ceux-ci. Sélection :
La rentrée scolaire aura lieu lundi prochain, le 4 septembre, et devrait être houleuse.