Convaincue d’avoir “gagné” grâce à Fukushima, fausse sur le charbon allemand, légèrement conspirationniste, et parfois glauque, le numéro de Marine Tondelier dans Backseat était “un moment de grâce”.
Image en couverture : Marine Tondelier / © Backseat
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Le jeudi 11 mai, Marine Tondelier était l’invitée politique de l’émission Backseat, talkshow politique apparenté à la NUPES, produit et animé par l’ancienne plume de la ministre Marisol Touraine passé par France Inter, Jean Massiet du Biest.
Une heure sans contradicteur où la Secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts (EELV) a pu présenter l’évolution de son parti, inviter Hugo Clément, se présenter en candidate unique d’une coalition de gauche pour 2027 pour “gagner et transformer”, balayer l’idée de rentrer dans un gouvernement Macron, défendre les vautours ou encore tacler le populaire Fabien Roussel.
Marine Tondelier ne sait pas quand a eu lieu Fukushima
Quand a eu lieu l’accident nucléaire de Fukushima ? Réponse : en 2011 , le 11 mars. Mais pour la secrétaire nationale de Europe Ecologie Les Verts ? En 2015.
Alors que Jean Massiet pointe le phénomène global chez les jeunes écolos qui assimilent l’énergie décarbonnée du nucléaire et l’écologie, y voyant une solution logique à la crise de l’énergie et au lien néfaste entre les énergies fossiles et le réchauffement climatique, Marine Tondelier fait cette surprenante erreur. Ni la première, ni la seule.
Et si personne ne la reprend, ce n’est pas forcément par bienveillance, l’erreur est humaine, mais parce que Marine Tondelier commence alors à raconter n’importe quoi sur “le nucléaire”, sur fond de conspirationnisme : des gens qui se sont “organisés dans l’ombre avec beaucoup beaucoup de pognon” aux “rapports secrets” qui ont fuité, en passant par les EPR qui “ne se feront pas parce qu’on n’a plus les moyens industriels, pas le fric pour le faire”.
La victoire de Fukushima
Une erreur de date sur Fukushima, qui précédait surtout une envolée positive glauque : “Moi en 2015, quand il y a eu Fukushima, je me suis dit : “On a gagné””
Peut-on considérer une catastrophe qui a fait 22 000 morts directs comme une victoire ? La question ne se pose pas à la tête de EELV : c’est oui ! En 2015, des dizaines de milliers de japonais ont peut-être perdu la vie, ou “seulement” leurs vies d’alors, leurs logements, leurs animaux, des années d’espérance de vie, leur travail, une partie de leur territoire… Mais qu’importe, Marine Tondellier s’est dit : “On a gagné”.
Une sortie remarquable qui a inspiré à Bérengère Viennot un superbe trait d’humour sur Twitter : “Et au moment du double séisme en Turquie, Marine Tondelier a repris deux fois des nouilles en se disant youpi, une super occasion de reconstruire des maisons avec des panneaux solaires et des toilettes sèches.”
Et Mme Tondelier d’enchainer avec une autre saillie remarquable : “Tchernobyl, c’était chez les pauvres, c’était le tiers monde”. Une scène à voir à la 28ème minute, sur la chaine youtube de Backseat.
Les erreurs de Marine Tondelier
Dans la même émission, Marine Tondelier racontait aussi n’importe quoi sur l’usage du charbon et des énergies fossiles par l’Allemagne, qui peine à compenser la sortie du nucléaire dans son mix énergétique : “L’Allemagne on peut critiquer qu’ils aient du charbon et tout ça, c’est vrai qu’on préférerait qu’ils en aient pas, sauf qu’ils sont en train d’en sortir..”
En janvier 2023, Libération proposait une vision précise de la production énergétique allemande dans un article intitulé : “L’Allemagne produit encore un tiers de son électricité grâce au charbon.” Un article que n’a pas lu Marine Tondelier, où il est écrit :
“Si le pays entend sortir du charbon à l’horizon 2030, ce minéral représente encore un tiers de la production d’électricité et cette source d’énergie a nettement progressé ces deux dernières années outre-Rhin”
Au passage, en décembre 2022, l’Allemagne a même enregistré son plus fort pic d’utilisation d’énergie fossile dans sa production d’électricité depuis presque cinq ans.
Il y a quelques mois, Marine Tondelier avait du rétropédaler sur les ZFE, quelques semaines après avoir qualifié les milliardaires de “vampires”. D’ailleurs, déjà (ou encore), elle disait une ânerie, lorsqu’elle expliquait à propos de ces derniers : “La dégradation de l’environnement, ça ne les dérange pas. Ils sont en train d’explorer l’espace en se disant: ‘J’aurai ma petite porte de sortie si ça se passe mal’.”
Pas que les projets spatiaux ne soient pas excessivement polluants, bien au contraire, mais il faut n’avoir aucune idée de ce qu’est l’espace et son extrême toxicité (les rayonnements, etc) sur toute forme de vie pour imaginer que les milliardaires y voient “une porte de sortie”.
Reprenant la stratégie de Sandrine Rousseau de dire n’importe quoi n’importe quand pour faire parler d’elle, Marine Tondelier ne semble pas l’alliée de la cause écologique qu’elle prétend, mais bien une énième personnalité politique sortie de Sciences Po (Lille) avide de pouvoir.
