Avec jusqu’à 59 degrés relevés au sol lors de la canicule 2022, les travaux de transformation de la place de la République semblent l’avoir transformée en enfer minéral, tout comme ceux faits place de la Bastille. Comptable de la disparition des arbres sur les places parisiennes, Anne Hidalgo s’abstient de répondre en Conseil de Paris.
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Une température de 59,6 °C relevée place de la République
Le 16 juin 2023 seront célébrés les dix ans de l’inauguration des travaux d’aménagement qui ont fait évoluer en profondeur la Place de la République à Paris. Une place moins entourée de voiture, et plus ouverte aux piétons, pour le plus grand bonheur d’une partie des parisiens, mais aussi des skateurs du monde entier.
Même la jeune star de la discipline Sterre Meijer (voir notre portrait) ridait “Répu” récemment, et découvrait les joies de croiser la route d’un français dans un mauvais jour.
Mais si la place de la République plait autant au skateur de France, de Navarre et d’ailleurs, c’est aussi parce que c’est…. une très grande dalle minérale, de 280 mètres sur 120 sur la partie centrale. Soit 33 600 mètres carrés. Une dalle qui n’est ponctuée que de quelques arbres menus, parfois chétifs, sur quatre îlots excentrés. Une cinquantaine d’arbres environ seulement, au total.
Et l’été, un îlot minéral qui brule au soleil, ça chauffe. Surtout dans une ville où l’air circule notoirement très mal.
Lors de la canicule étouffante de l’été 2022, qui a submergé la France et qui a fait monter certains thermomètres à des niveaux records, on a aussi relevé des températures extrêmes dans Paris : 40,5 degrés le mardi 19 juillet 2022, par exemple.
Mais cette température déjà presque invivable est 50% en dessous du record enregistré par Tangui Le Dantec, cofondateur du mouvement parisien “Aux arbres citoyens !”, qui a capté 59,6 °C le 18 juillet 2022, au niveau du sol place de la République. Vous avez bien lu et vu : une température de 60 degrés relevée à Paris, sur la Place de la République.

Une température qui se nuançait légèrement en allant s’abriter sous les rares arbres à proximité, où Tangui Le Dantec (aussi auteur de “Histoire contemporaine des paysages, parcs et jardin” et co-auteur de “Bien vivre la ville : vers un urbanisme favorable à la santé”) a également fait des relevés, proposant un plan des températures infernales de la place de République.

Le même jour, il a aussi relevé 57.3°C sur la nouvelle dalle de la place de la Bastille ; une place récemment transformée, entre 2019 et janvier 2021.

Anne Hidalgo balaye le sujet d’un revers de main
60 degrés sur la place de la République, 57 sur la place de la Bastille, et un point commun : deux places rénovées récemment, et largement minéralisées, au détriment des arbres, de la végétation et de la qualité de vie des usagers.
Un bilan dont est logiquement comptable Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris entre 2001 et 2014, et maire de Paris depuis 2014. Sauf que comme à chaque fois que lui est proposé de regarder la réalité matérielle de son bilan écologique dans la ville, la maire de Paris botte en touche, avec un sourire crispé.
C’est ce qui s’est passé au Conseil de Paris du 5 juin 2023, où Anne Hidalgo était cette fois présente. Ce qui est assez rare pour être mentionné, comme le relevait cette vérification faite par TF1 après le chiffre de 23% de taux de présence avancé par Rachida Dati.
Le 5 juin 2023, Franck Margain, conseiller de Paris, profitait des “dix secondes” que Anne Hidalgo lui laissait pour demander que l’on donne “aux places parisiennes de véritables zones vertes, ombragées et rafraichies”. Avant de continuer : “Le contraire de votre action menée place de la République, où grace l’arrachage des pelouses et des bassins, l’association France Nature à pu mesurer le record de 59 degrés en juillet 2022.”
Sans répondre ni sur la forme, ni sur le fond, Anne Hidalgo “remercie” simplement “M. Margain”, et lui conseille de “profiter de cette minute de gloire”.
Des températures invivables relevées sur des places parisiennes rénovées récemment, et une maire qui évite le sujet en ayant en tête ses prochains voyages au frais du contribuable (17 voyages à l’étranger en 2017 d’après les notes de frais de l’édile, relève Le Parisien).