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Un troisième mandat pour Macron ? Les premiers retours sont très négatifs

Après les propos de Richard Ferrand concernant une modification constitutionnelle et un troisième mandat pour Emmanuel Macron, les retours politiques sont négatifs.

Après les propos de Richard Ferrand dans Le Figaro à propos d’une modification constitutionnelle pour permettre un troisième mandant consécutif potentiel au président de la république en place, les réactions ont été surtout négatives.

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Richard Ferrand, un potentiel futur premier ministre au lourd passé judiciaire

Il n’y pas qu’en cuisine que les casseroles ont une place importante : on en trouve aussi en belle quantité dans la vie de Richard Ferrand, ces dernières années : Affaire des Mutuelles de Bretagne, opérations immobilières suspectes en faveur de sa compagne, soupçons de mensonges, d’omissions, de faux, d’emplois fictifs, soupçons de détournement de fonds publics, soupçons de conflits d’intérêts…

Une liste aussi longue à énumérer que pénible à lire. Et l’existence de beaucoup de ces faits ne sera jamais confirmée ou infirmée par la justice, à cause de la prescription.

Et au-delà de l’opulente vie judiciaire récente de Richard Ferrand, sa vie politique n’est pas forcément plus positive. Député pendant cinq ans (2017 – 2022), ministre pendant un mois (2017), il a aussi été Président de l’Assemblée nationale pendant un peu moins de quatre ans.

Mais alors qu’il occupait toujours cette fonction, il avait été battu chez lui, dans le Finistèr,e aux élections législatives de 2022, au second tour, face à une candidate de la Nupes, Mélanie Thomin. Fair-play, il avait cependant reconnu sa défaite et adressé ses “vœux de plein succès” à la gagnante. Depuis, il était en retrait.

Reste que Richard Ferrand est un familier du président Emmanuel Macron, et on le dit très proche de sa femme Brigitte : il y a un an, elle était arrivée au bras de Richard Ferrand à la cérémonie d’investiture du deuxième mandat de l’actuel président de la république. On le dit aussi pressenti pour succéder à Élisabeth Borne au poste de Premier ministre, à Matignon, dans les prochaines semaines.

Un troisième mandat pour Emmanuel Macron ?

Dans un entretien accordé au Figaro et sorti le 18 juin 2023, il est demandé à Richard Ferrand s’il regrette qu’Emmanuel Macron ne puisse pas se représenter en 2027. Ce à quoi il répond d’une manière trouble qu’il “regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire”, parlant de “la limitation du mandat présidentiel dans le temps” et du “non-cumul des mandats”, et qu’il faut changer “tout cela en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel”.

“Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive. Changeons tout cela en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publiques.”

Une idée suggérée à demi-mots, qui n’a que peu de chance d’aboutir dans les faits. Il existe deux options, par le référendum ou par le vote des 3/5 des parlementaires, pour que la Constitution soit modifiée et permette au Président de tenter sa chance pour un troisième mandat. Il semble peu probable que les deux aient une possibilité de se réaliser au vu de la situation politique globale du pays.

Il faut cependant noter que dès le lendemain, le 19 juin 2023 sur Twitter, Richard Ferrand, embarrassé et irrité, a tenu à nier vouloir changer la Constitution en faveur d’Emmanuel Macron : “Consternant de voir s’agiter réseaux sociaux et médias paresseux sur une proposition stupide que je ne fais pas. Panurgisme imbécile.” Il partage au passage l’intégralité de l’article, limité jusqu’alors aux seuls abonnés payants du Figaro.

A noter que Richard Ferrand pose devant une bibliothèque… en papier peint. Parce que pourquoi pas.

Les réactions unanimement négatives à cette idée

D’après le journaliste Nils Wilcke, cette sortie est “un signe d’allégeance supplémentaire au président pour Matignon”, selon “un familier de l’Elysée”.

L’animateur des Grandes Gueules (sur RMC) et de BFMstory Olivier Truchot trouve la stratégie mal jaugée : “Vouloir modifier la constitution pour en faire profiter celui qui est déjà en place. Ferrand vient- il de perdre sa place à Matignon ?”

Pour Alain Houpert, sénateur LR de la Côte-d’Or, membre de la Commission des affaires étrangères et de La défense : “Modifier la constitution pour se permettre de rester au pouvoir… les deux derniers à l’avoir fait s’appellent Xi Jinping et Vladimir Poutine… voilà donc le plan démocratique d’Emmanuel Macron ?”

Pour la députée LFI Mathilde Panot (récemment traitée de “poissonnière”) : “Et pourquoi pas restaurer l’Empire avec Macron 1er ? Richard Ferrand, le visage de la dérive autocratique de la Macronie.”

Le twittos Victor Sinclair est dans la même veine : “Si le projet proposé par Ferrand de permettre un troisième mandat présidentiel n’est pas soumis à un référendum, vous saurez que vous êtes dans une dictature (je parle aux normies là . Nous on le sait déjà…)”. On note ce trait d’esprit venu du Ministère des Bras Croisés : “Richard Ferrand : “La famille Corleone est favorable à une présidence à vie pour Emmanuel Macron.””

D’autres moins connus manient aussi l’ironie, ou montrent leur colère :

  • “Non, je le répète, je n’ai jamais dit que je voulais que le président Macron puisse faire un 3ème mandat : j’ai dit que je voulais qu’il soit nommé Consul à vie. Rien à voir !”
  • “Un repris de justice qui donne des conseils sur comment aller vers le pire.”
  • “On connaissait les oligarques russes, maintenant il y a les oligarques français prêts à toutes les manigances pour garder le pouvoir, contrecarrer l’opposition et maintenir leurs ami(e)s en place contre toute déontologie. Les français ne supporteront pas cela durant 4 ans !”
  • “Un gouvernement de truands, le pire de la 5ème République. Le plus angoissant, c’est qu’avec le niveau d’abrutissement des Français, ça peut marcher.”

Enfin, certains prennent à leur compte la difficulté institutionnelle (évoquée plus haut) de changer la Constitution pour rendre possible un troisième mandat aux présidents en place (et donc à Emmanuel Macron) : “Richard Ferrand pourrait se donner la peine de taper dans Google “Comment est-il possible de modifier la Constitution ?” Ca lui éviterait de passer pour un benêt.”

Quand d’autres ont recours à une qualité désormais rare : la nuance. “On peut ne pas être d’accord avec cet idée, mais de là à comparer avec des dictatures, il faut peut etre savoir être raisonnable parfois dans ses propos ! C’est pour malgré tt une élection française pas chinoise ou russe!”