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Première écoute : Zola varie sur Diamant du bled

Avis et critique du troisième album de Zola : "Diamant du bled".

Des très hauts et des très plats alternent le troisième album de Zola, “Diamant du bled”.

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Zola envoie Diamant du bled

“A.W.A Mafia” : Le 17 mars, Aurélien N’Zuzi Zola, plus connu comme Zola, sort à 23 ans (déjà ? seulement ?) son troisième album, “Diamant du bled”. Un troisième drop qui arrive au terme d’une longue période de maturation, quatre ans après l’album “Cicatrices” sorti en 2019, et deux ans et trois mois après “Survie”, de fin 2020.

“Diamant du bled” c’est 15 titres, pour 42 minutes, ou 16 titres pour 45 minutes, en fonction de savoir si le feat avec Ateyaba (Joke) est bien ou non dans la tracklist de l’album : sur Spotify et Apple Music, “Finish Him” est en dehors. Peu importe. Un format intermédiaire, qui ne prend pas le risque de noyer son audience (comme Maes et ses 20 titres sur Omerta (voir notre article), mais qui laisse à l’artiste de l’espace pour déployer son univers.

Même si le morceau semble avoir eu une bonne réception, ouvrir l’album avec “Nochey” est un choix artistique qui peut laisser perplexe après avoir écouté l’album : Nochey est une trap convenue, alors que Zola a une partition bien plus intéressante à dévoiler.

Une partition qui touche (presque) au magistrale sur “Amber”, deuxième track, sorti depuis plusieurs mois. Banger automnal, (presque) meilleur track de l’album, et démonstration de la puissance potentielle du beat “jersey”, Amber est déjà rentrée dans la tête de centaines de milliers de personne, et compte déjà 47 millions de streams sur Spotify. Loin devant les 13 millions de “Toute la journée”, avec Tiakola, autre morceau sorti très en amont de l’album.

En troisième position, Zola place “Coeur de Ice”, en featuring avec Damso : Une belle frappe, un Damso niveau “Batterie Faible”, qui revient déjà heurter 2023 après son feat déjà brillant sur “Nocif” avec Hamza (voir notre article), actuellement 3ème France sur Spotify. L’une des tracks de Diamant du bled qui devraient durer dans le temps. S’en suivent “L’armoire”, bonne track, et “Frosties”, un titre énervé, avec de bonnes punchlines, et une grosse énergie posé sur un piano au son étrange.

Zaza : meilleure track de “Diamant du bled” ?

Deux tracks qui font la jonction entre le feat avec Damso, et “Zaza”. Zaza, c’est ‘wow’ en intro, ‘wow’ quand Zola démarre, et re ‘wow’ quand Zola redémarre, à 1min14, avec une seconde entrée d’un niveau pas entendue depuis un moment : un couplet avec un ensemble de groove, de rythme, servant un flow saccadé et sur-dynamique. Indéniablement l’un des meilleurs titres de l’album, peut-être le meilleur ? Parmi les exclusifs (hors Amber et Toute la journée donc), c’est sûr.

Après ça, Zola ralenti la cadence, avec “Brûlures indiennes”, une bonne vibe au fond ‘lova’, qui trouvera son public, puis “Toute la journée” avec Tiakola, excellente track déjà largement commentée ailleurs, puis “Cartier Panthère”, une drill de qualité qui rebondi particulièrement bien à 1min46, avec un beau mouv’ de Zolaski sur un flow US bien syncopé.

Suit “Envie7vie” : Zola sait que son album sort le 17 mars, et que le printemps 2023 commence quatre jours plus tard, alors il envoie une bonne zumba au fond de groove reggae – dub, qui devrait faire chanter et voir des feux de plages adolescents de 2h du matin.

Avec “Gorgée pour les morts”, Zola propose une autre pièce de très haut vol, avec sa voix typique parfaitement utilisée sur un instrumentale belle et poétique, et une track qui manie bien les silence, les rebonds.

Puis “Electro” démarre, et quand le beat s’accélère, j’ai cru une nouvelle percée de jersey mais non, c’est bien une tentative house/techno, aux petit goûts parodique : “Ciel, serais-je en train d’écouter un feat surprise avec Helmut Fritz ?”. Stop. Non, en fait ce n’était qu’une interlude hors du temps : Validée.

Sauf qu’après cette surprenante parenthèse, l’album s’achève. Enfin presque. “Make up” est assez fastidieux, et ne semble pas se trouver à sa place dans l’album . Suivi de “Côté Hublot”, qui a ses qualités, mais pas celle de magnifier “Diamant du bled”, et de “La lumière”, qui donne l’impression que la track d’avant ne s’est pas arrêtée, mais qui dévoile un rappeur hantée par une vibe mélancolique.

Enfin, parlons de “Finish Him” (sans savoir si c’est bel et bien sur l’album) avec Ateyaba. Il faut quand même préciser que votre serviteur est un ancien auditeur assidu de feu Joke (devenu Ateyaba), qui perd encore sa dignité sur “Django” (en insistant sur le D), à l’occasion, même si depuis “Vision” en 2017 il a perdu tout espoir. Et là, “c’est quoi ce bail ?”. L’instru est conceptuelle, mais pas dans le bon sens : le synthé saturé, c’est à manier avec des pincettes. Le vocoder modifié qui fait des bruits de rots… La voix pitchée de Zola façon hélium… Et puis le couplet de Ateyaba fait mal au coeur, il garde son flow mais il a quand même vieilli, et mal… Pas sûr qu’on en veuille vraiment sur l’album officiel.

En conclusion

Alors on retient quoi de “Diamant du bled” ? Un bon album, avec de très belles sorties, et deux feats sur trois qui apportent de la valeur, et font certaines des meilleurs pistes de l’opus. Soit un bon niveau général, mais un sentiment de déception finale dû aux trois/quatre/cinq derniers titres qui n’apportent rien et dégradent l’image générale. En s’arrêtant à “Gorgée pour les morts”, on ne perd rien. L’album manque aussi de la présence du très bon “Papel”, sorti en juillet 2022. Et puis deux des meilleurs titres étaient déjà sortis en amont.

Reste que Zola maitrise son sujet à la perfection, et manie brillamment la polyvalence : Depuis son registre principal jusqu’à différentes déclinaisons, il propose de bonnes variations de voix, de tonalités, de flow, mais aussi des essais, des prises de risques, des surprises, et de la violence comme de la sensibilité.