La société Blue Origin veut créer des panneaux solaires en utilisant le sol de la Lune comme matière première principale.
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Des panneaux solaires… lunaires !
Même si le grand public n’en a entendu parlé que vingt ans plus tard, Blue Origin a été créé par Jeff Bezos en septembre 2000. Mais le fondateur d’Amazon s’est d’abord principalement attelé à développer son géant du e-commerce, qui fera de lui l’homme le plus riche du monde pendant un temps.
Et sans que le sujet ait été officiellement désigné comme un catalyseur, difficile de nier l’impact de SpaceX et ses réussites extraordinaires depuis quinze ans dans le récent regain de motivation qui a entouré le projet Blue Origin. De plus, le départ d’Amazon en tant que dirigeant de Jeff Bezos en juillet 2021 lui a permis de développer son implication personnelle dans cette activité annexe. Une activité qui employait tout de même plus de 3500 personnes, d’après Reuters, à ce moment-là.
Et si Blue Origin n’a pas d’aussi retentissant succès que son concurrent SpaceX, la société n’en a pas moins de très belles réussites, sur lesquelles il est intéressant de se pencher.
Le 10 février 2023, Blue Origin présentait la technologie “Blue Alchemist” dans un billet dédié sur son blog. Le postulat de départ de Blue Alchemist est clair : “Pour rendre viable une présence à long terme sur la Lune, nous avons besoin d’une puissance électrique abondante.”
Alors, pour obtenir cette énergie électrique abondante, Blue Origin veut exploiter l’énergie solaire, à travers des panneaux photovoltaïques lunaires. Et pour produire des panneaux solaires utilisés sur la Lune, Blue Origin veut utiliser directement le sol de notre satellite : le régolithe. Et s’en servir comme matière première principale dans la conception des cellules photovoltaïques des panneaux solaires.
Une technologie de pointe
Pour réaliser cette prouesse, Blue Origin a composé une équipe au spectre de compétences impressionnant : “géologues, géochimistes, électrochimistes, métallurgistes, scientifiques des matériaux et du photovoltaïque, dynamiseurs des fluides, ingénieurs en mécanique et électricité, roboticiens et ingénieurs en instrumentation, vol spatial et systèmes”.

Ensuite, BO détaille le procédé qu’elle a utilisé jusqu’à présent : “Nous avons commencé par créer des équivalents de régolithe, chimiquement et minéralogiquement équivalents au régolithe lunaire, en tenant compte de la variabilité lunaire représentative de la taille des grains et de la chimie globale.” Ce qui garantit alors que le matériau de départ soit aussi réaliste que possible.
Ce faux régolithe est ensuite mis en fusion, traité et déplacé (à 1600 degrés Celsius) via un “processus efficace, évolutif et sans contact”. Avec ce procédé, Blue Origin arrive à produire du fer, du silicium et de l’aluminium, par électrolyse de régolithe fondu, une manipulation chimique dans laquelle un courant électrique sépare ces différents éléments de l’oxygène auquel ils sont liés. On utilise notamment l’électrolyse pour produire de l’hydrogène.
Mieux, la technologie Blue Alchemist purifie le silicium à plus de 99,999 %, un niveau de pureté “nécessaire pour fabriquer des cellules solaires efficaces”. Et Alors que les méthodes classiques de purification du silicium actuelles utilisent de grandes quantités de produits chimiques toxiques et explosifs, le procédé de Blue Alchemist “utilise uniquement la lumière du soleil et le silicium de notre réacteur”. Ce procédé fabrique donc des cellules photovoltaïques, mais aussi le verre de protection, avec les résidus d’électrolyse de régolithe fondus. Ainsi, les cellules sont conçus pour avoir une “longue durée de vie” en résistant aux dégradations causées “par les radiations sur la Lune”.
Une technologie qui permettrait donc théoriquement de produire des panneaux solaires directement sur la Lune, avec le sol lunaire comme composant principal. Mieux, Blue Origin dit que cette technologie fabrique des cellules photovoltaïques sans émissions de CO2, sans eau et sans ingrédients toxiques ou autres produits chimiques !
Une avancée technologique majeure, qui pourrait aussi bien sûr servir sur Terre, d’après l’entreprise.