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Continent plastique : Ocean Cleanup fête un nouveau cap dans la dépollution

Le projet Ocean Cleanup continue de progresser dans la dépollution des mers et des océans avec son système de collecte des déchets plastiques.

Le projet Ocean Cleanup continue de progresser dans la dépollution des mers et des océans.

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Dépolluer les océans ?

N’en déplaise au journaliste et rédacteur en chef de Slate Thomas Burgel, pour qui l’ambition du projet Ocean Cleanup de “nettoyer les océans c’est complètement con“, l’idée de retirer des eaux les millions de tonnes de plastique qui viennent les polluer massivement semble bonne à beaucoup de gens. Parmi lesquels des scientifiques, des ingénieurs, des écologistes, des passionnés, et même des investisseurs.

Le jeune Néerlandais Boyan Slat avait lancé ce projet en 2013, à 18 ans seulement, et on peut louer son optimisme autrement plus constructif que celui d’une certaine vision journalistique prompte aux jugements et moins à l’action.

Et si, comme le dit toujours Thomas Burgel avec intelligence, Ocean Cleanup utilise “quelque chose existant depuis l’aube des temps ou presque : la pêche”, on peut se féliciter qu’une solution applicable immédiatement permette un passage à l’acte “rapide”, et non pas des décennies de réflexions.

Le système 002 utilisée par Ocean Cleanup utilise effectivement un moyen classique de collecte marine : un filet tracté par deux bateaux. Mais le système a été pensé sur plusieurs années pour respecter la vie marine, et ne pas se transformer en un filet de pêche qui emporterait tout dans son passage. Voici plusieurs point sur ce système :

  • “Des mailles de grande taille sont incorporées dans le système, ce qui permet aux petits animaux marins, tels que le plancton, de passer au travers.
  • Des dispositifs d’évacuation (c’est-à-dire des ouvertures sur la face inférieure des mailles) sont situés le long de la zone de rétention pour permettre aux animaux marins de sortir du système en toute sécurité.
  • L’accès à l’air pour les animaux à respiration aérienne est assuré par des caractéristiques de conception qui élèvent la zone de rétention au-dessus de la surface de l’eau à des endroits spécifiques.
  • Notre équipage a toujours la possibilité de déclencher un largage d’urgence pour libérer un animal qui rencontrerait des difficultés dans la zone de rétention. Bien que cela entraîne la perte de tout plastique capturé, cette option reste disponible en cas de rencontre sérieuse.
  • Des lumières LED vertes et un maillage de couleur claire augmentent la détectabilité visuelle du système et des aides à la fuite.
  • Des dispositifs de dissuasion acoustiques ont également été installés pour empêcher les animaux marins qui entendent les hautes fréquences (comme les dauphins et les baleines) de s’approcher du système.”

Mais ce n’est pas le seul système mis en place par Ocean Cleanup, qui met aussi en place des intercepteurs pour empêcher à la pollution des hommes d’aller se diffuser dans les océans.

Une étape importante franchie pour Ocean Cleanup

Le Septième Continent, le Continent de Plastique, le Great Pacific Garbage Patch (GPGP) en anglais est une immense décharge de plastique sous-marine, située entre la Californie et Hawaï, et grande comme trois fois la France. On considère que s’y trouve environ 80 000 tonnes de déchets, pour environ 1 800 milliards d’éléments plastiques.

Des chiffres vertigineux auquel s’est finalement attaqué Ocean Cleanup après plusieurs années de recherche et développement, et de mise au point de plusieurs versions de son modèle.

En juillet 2022, Ocean Cleanup annonçait avoir franchi le cap symbolique des 100 tonnes de déchets plastiques récupérés. Et en ce début avril 2023, c’est un nouveau palier qui est franchi, puisque c’est la barre des 200 tonnes qui vient d’être atteinte. En moyenne, chaque sortie de ramassage permet de récupérer environ 6 à 7 tonnes de plastique.

Et quid de l’impact environnemental ?

D’après Ocean Cleanup le fonctionnement lent et volontairement aussi silencieux que possible de leur sytème de collecte permet de protéger la faune marine, en plus des anticipations techniques du “filet” listées plus haut. De plus, Ocean Cleanup collecte des données de surveillance, pour évaluer l’impact de son système sur la vie marine, dans le temps.

Dans le détail, Ocean Cleanup avance que pour 193 832 kg de plastique collectés, 667 kg d’espères vivantes marines (poissons, requins, mollusques…) ont malheureusement été péchés. Le détail précis est donné par Ocean Cleanup dans cet article.

Reste que le système “002” collecte 99,7 % de plastique, et que la pêche industrielle chère à Hervé Berville, secrétaire d’Etat à la mer du gouvernement Borne, est autrement plus dévastatrice.

Saluons les efforts et les premiers résultats du projet Ocean Cleanup.