Grâce à un implant cérébral, il serait possible de prendre le contrôle de ses rêves, d’après une expérience de REMspace.
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Le rêve de contrôler ses rêves
Les rêves ont toujours été importants pour les humains. Depuis l’antiquité, la capacité à contrôler les rêves et à faire des rêves lucides est mentionnée, de Homère à Aristote. Même Saint Thomas d’Aquin, qui ne croyait pourtant que ce qu’il voyait (selon l’adage), s’est intéressé de près au phénomène des rêves lucides, au coeur du moyen-âge.
Avec l’arrivée des progrès techniques et scientifiques des dernières décennies, des travaux de recherches tentent depuis les années 50 de mettre au point de véritables techniques pour contrôler les rêves. Jusque là sans succès. Certaines méthodes essayées ont utilisé la manipulation sensorielle, via les odeurs et les sons, mais les résultats ont toujours été très éloignés des attentes.
Une nouvelle expériences de chercheurs de REMspace semble toutefois avoir donné un résultat inédit !
Lors d’une expérience inédite, ces chercheurs ont testé avec succès un implant cérébral implanté dans le cortex moteur (en ciblant spécifiquement la zone responsable du contrôle de l’extension des doigts de la main gauche). Un implant dans le cerveau activé lors de la phase de sommeil paradoxal.

Le cobaye de cette expérience était d’ailleurs l’un des chercheurs de REMspace, Michael Raduga, qui travaille autour des rêves lucides depuis des années et a développé des facultés particulières dans ce sens (à titre personnel). Cette aptitude du cobaye à bien connaître son cerveau et le fonctionnement de celui-ci lors de la phase de rêves a permis de comprendre plus finement la manière dont la stimulation électrique pendant le rêve affectait le rêve.
Un implant cérébral pour contrôler ses rêves
Au cours de l’expérience, un faible courant électrique a été appliqué à la région ciblée du cerveau de Michael Raduga alors qu’il était en plein rêve. Et les objets de son monde onirique auraient réagi à cette stimulation externe.
Lorsque le signal électrique a été activé, les objets seraient tombés de ses mains dans son rêve, attestant clairement l’existence d’un lien direct entre le cortex moteur du cerveau et les actions du rêve en cours. Mais surtout, cette stimulation intense n’aurait pas perturbé le sommeil de Michael Raduga, et ne l’a pas réveillé.

Cette expérience a montré qu’il était possible de stimuler le cortex cérébral pour influencer les rêves. D’après REMspace, cette technique permettrait d’évoquer des sensations, des mouvements et même des émotions dans les rêves. Un ensemble de capacités cependant encore vague – presque nébuleux – et toujours éloigné du contrôle des rêves au sens propre.
Mais ces signaux électriques pourraient surtout servir de paramètres pour faire débuter des rêves lucides, où les rêveurs prennent conscience qu’ils sont en train de rêver, et peuvent alors commencer à façonner le récit du rêve à leur convenance. Une idée qui ouvre la voie à un avenir où la manipulation des rêves et le rêve lucide deviendraient alors une réalité.
Une première étape qui demandera encore de nombreuses années de recherches et d’expérimentations avant qu’une méthode éprouvée ne permette de réellement obtenir d’un sujet qu’il puisse entrer en phase de rêve lucide à volonté.
Mais cette expérience ouvre tout de même un champ de possibilité à moyen terme à ne pas négliger. Avec une “éducation” du cerveau à la compréhension d’un influx électrique en phase de sommeil, une première étape vers le contrôle des rêves lucides semble plus à portée que jamais dans l’histoire de l’humanité.
Pour aller plus loin :
- La publication officielle sur ResearchGate
- L’article sur REMspace
- Le résumé de l’étude :
“Comme l’homme passe un tiers de sa vie à dormir, de nombreuses études ont exploré la possibilité de contrôler les rêves. Pour la première fois, nous avons testé la stimulation cérébrale électrique (SCE) du cortex moteur pendant le sommeil paradoxal afin d’observer comment elle est incorporée dans les rêves. Des électrodes ont été implantées dans le cortex moteur d’un homme capable d’induire des rêves lucides. Sous observation polysomnographique (PSG), le cortex a été stimulé par un courant alternatif pendant le sommeil paradoxal, la paralysie du sommeil (PS) et les rêves lucides (RL). Les résultats montrent que, dans une certaine plage de courant, l’EBS ne réveille pas le participant. Bien qu’il n’ait pas pu se souvenir de stimulations motrices spécifiques pendant le sommeil paradoxal, des changements irréguliers dans le tracé des rêves ont été observés. Les résultats les plus intéressants ont été observés lors d’un DL au cours duquel il était possible d’observer intentionnellement une contraction induite par l’EBS, qui interagissait avec un objet de rêve. Dans certains cas, un retour sensoriel de l’EBS sur le cortex moteur a été perçu lorsque les données de la PSG indiquaient un sommeil paradoxal et une atonie musculaire. Bien que certains résultats demandent à être confirmés, nous discutons de la manière dont les données obtenues pourraient ouvrir de nouveaux horizons pour le contrôle des scènes de rêve et l’induction des TA.”