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Utiliser de la poussière lunaire pour atténuer les rayons solaires ? Des scientifiques y pensent

Utiliser de la poussière lunaire pour masquer les rayons solaires ? Des scientifiques y ont réfléchi dans une étude publiée le 8 février 2023.

Pourrait-on utiliser de la poussière lunaire pour atténuer les rayonnements du Soleil sur la Terre ?

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Refroidir la Terre grâce à la de poussière lunaire ?

Depuis un peu plus de deux siècles, la Révolution industrielle a transformé la vie de milliards d’humains. Grace à l’amélioration des facteurs de production et des moyens de transport, la vie des femmes et des hommes s’est considérablement transformée, et s’est largement améliorée.

Mais ces bénéfices ont un point négatif : la pollution. Ou plutôt, les pollutions. Et parmi les différentes formes de pollutions, les émissions de gaz à effet de serre, qui participent du réchauffement climatique, sont parmi les plus importantes.

Alors, la science réfléchit à des options, voire des solutions, tant pour remédier aux systèmes les plus polluants (véhicules thermiques, centrales à charbon, etc) que pour ralentir, voir inverser la courbe des températures.

Et dans les options les plus folles que les scientifiques réfléchissent sérieusement, les procédés de géo-ingénierie sont en bonne place. Et aujourd’hui, c’est un plan visant à utiliser des morceaux de notre satellite, la Lune, comme pare-soleil spatiale qui font parler !

Le plan semble assez simple : profiter de la faible gravité de la Lune, et de sa présence avancée dans l’espace par rapport à la position de la Terre du Soleil. Et extraire des volumes considérables de l’astre, les projeter dans l’espace, et créer ainsi un bouclier spatiale “naturelle” qui obstruerait une partie des rayons du soleil ! Ce qui diminuerait mécaniquement les rayons reçus sur Terre, et donc la chaleur, permettant alors de réduire la température globale de notre planète !

Une idée sérieuse, mais irréaliste

Un plan très sérieux, publié par une équipe scientifique dans Plos Climate, le 8 février 2023. L’idée leur est venue de l’étude des anneaux planétaires, comme ceux de Jupiter, qui ont une réflection spéciale de la lumière. Ben Bromley, professeur de physique et d’astronomie à l’université de l’Utah et auteur principal de l’étude, explique :

“C’est ainsi que l’idée a germé : si nous prenions une petite quantité de matière, que nous la placions sur une orbite spéciale entre la Terre et le soleil et que nous la brisions, nous pourrions bloquer une grande partie de la lumière du soleil avec une petite quantité de masse.”

Dans un premier temps, l’équipe a réfléchi à “placer” directement de la poussière spatiale au point de Lagrange L1 (un point d’équilibre gravitationnel entre la Terre et le Soleil), mais s’est rendu compte que les vents solaires, les rayons cosmiques et les autres pressions gravitationnelles au sein du système solaire pouvaient facilement faire dévier la poussière, obligeant un renouvellement régulier. Un procédé aussi difficile que peu efficient. Sameer Khan, étudiant de premier cycle de l’Utah et co-auteur de l’étude, commente ce premier axe :

“Il a été assez difficile de faire en sorte que le bouclier reste à L1 suffisamment longtemps pour projeter une ombre significative. Cela ne devrait pas être une surprise, puisque L1 est un point d’équilibre instable. La moindre déviation de l’orbite du bouclier solaire peut le faire dériver rapidement, aussi nos simulations ont-elles dû être extrêmement précises.”

Un second plan a envisagé de projeter directement de la poussière depuis la surface lunaire, en direction d’une zone “précise” autour de L1. Et en utilisant les bonnes trajectoires, cette dispersion de poussières lunaires agirait efficacement comme pare-soleil et protégerait la Terre des (vilains) rayons du (méchant) soleil.

Une hypothèse qui ne se base que sur le résultat potentiel, mais ne développe pas les moyens nécessaires :

  • Avant d’envoyer dans l’espace des volumes conséquents de poussière depuis la lune – des millions de mètres cubes – il faut d’abord les produire, et donc transformer la lune en usine de production de poussière. Un procédé énergivore, couteux, et potentiellement très polluant, tant à envoyer sur la Lune que sur place. Polluer la Terre et la Lune, pour tenter d’atténuer les rayons d’une étoile, la phrase peut prêter à sourire.
  • Une fois produite, cette poussière devrait ensuite être envoyée dans l’espace. Même avec une gravité moins importante, projeter à des centaines de kilomètres des millions de kilos de gravats lunaires a de quoi laisser perplexe une deuxième fois.

Une liste non-exhaustive des contraintes potentielles que pourrait rencontrer la réalisation d’un projet de ce genre. Sans parler des effets délétères que pourraient avoir la “déculpabilisation” des émissions de CO2 sur les industries polluantes.

Un joli projet, un beau rêve, mais en aucun cas une potentielle solution sérieuse, donc.