En annonçant un partenariat technologique stratégique juste avant le CES 2023, Nvidia et Foxconn accélèrent sur le marché du véhicule autonome, que vise Apple, et que truste (pour l’instant) Tesla.
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Quelqu’un a vu une Apple Car ?
L’Apple Car est une arlésienne, une chimère, un ORJA (Objet Roulant Jamais-Aperçu), dont la rumeur souffle depuis des années et des années, sans jamais qu’on ne sache si elle n’est qu’un bruit ou bien une matière tangible.
Et de fait, hormis les échos persistants qui vont et viennent par l’entremise de presses plus ou moins spécialisées, aux USA, en Europe, et ailleurs plus près des chaines d’approvisionnement en Asie, rien ne permet de dire que l’Apple Car est bien un futur produit de Cupertino amené à voir réellement le jour.
Un temps, on a parlé d’une voiture 100% Apple, des essieux au volant, guidé par l’intelligence ô combien sublime (non) de Siri et piloté d’une main de maître par un consommateur aussi aisé qu’avide d’affirmer son statut social au Monde. L’Apple Car devait être l’iPhone des voitures, un produit qui n’invente rien, mais qui améliore beaucoup, qui sécurise énormément, et qui coûte odieusement cher en contrepartie.
Puis, il a été plutôt question qu’Apple sous-traite totalement la production du véhicule à un constructeur auto de métier, n’y incorporant “plus que” la partie logiciel, et c’est déjà beaucoup, et divers accessoires iCar (écran, connectique, Lidar, etc).
Une version d’autant plus réaliste qu’Apple et son dirigeant Tim Cook n’ont pas beaucoup de raté au cours des dix derniers années, mais ils ont bien celui d’avoir refusé d’acheter Tesla à Elon Musk moyennant une cinquantaine de milliards bien tassé. Avec la technologie et les infrastructure de Tesla comme socle (même à l’époque), et la puissance de frappe globale d’Apple, la voiture pommée aurait eu une jolie base de travail.
Las, on ne sait plus depuis plusieurs années quels vents contraires portent le projet Titan chez Apple, et seuls les reports successifs de l’échéance semblent se concrétiser dans les prédictions des oracles.
Foxconn et Nvidia : concurrents inattendus ?
On sait en revanche, depuis ce mardi 3 janvier 2022, grâce aux observateurs avisés de TechCrunch, qu’Apple a un nouveau concurrent ambitieux sur ce marché. Un concurrent qui connait bien, très bien, Apple, puisqu’il s’agit de son sous-traitant principal : le géant taïwanais Foxconn.
Pour l’heure, Foxconn n’a pas encore produit ses propres véhicules, mais est d’ores et déjà en train de fabriquer des véhicules électriques pour les américains Fisker et Lordstown Motors. Surtout, la société a dévoilé il y a quelques mois un pick-up électrique et un crossover, dont le président de Foxconn, Liu Young-way, semblait particulièrement fier, déclarant que Foxconn pourrait même un jour produire pour Tesla (en sous-traitance).
Ce qui change en ce début 2023, c’est l’annonce d’un partenariat stratégique entre Foxconn et Nvidia, juste avant le CES 2023 de Las Vegas. TechCrunch explique que, dans le cadre de ce partenariat en deux axes, Foxconn deviendra “un fournisseur principal d’unités de contrôle électronique pour les constructeurs automobiles”, ou UCE.
Ces modules, un composant essentiel de tous les véhicules modernes, seront conçus avec le système de puce “Drive Orin” de Nvidia, un SoC boosté à l’IA aux capacités de calcul décuplées pour “prendre en charge les fonctions de conduite autonome” particulièrement demandeuse de ressources.
Surtout, Foxconn indique utiliser pour les véhicules électriques à venir de sa propre marque les SoC Drive Orin et la suite de capteurs de Nvidia, qui compte des caméras, des radars, des lidars et des ultrasons (appelés Drive Hyperion), et qui sont nécessaires pour proposer des fonctions complètes de conduite autonome. Du moins, des fonctions autonomes suffisamment poussées pour être crédible face à Tesla, dans une moindre mesure, ou aux technologies à venir des constructeurs traditionnels.
Pour le taïwanais, l’utilisation de l’architecture Drive Hyperion et du SoC Drive Orin devrait permettre d’accélérer le délai de mise sur le marché et de réduire substantiellement ses coûts de production. Nvidia a déclaré de son côté que le partenariat lui permettrait de tirer parti des capacités de fabrication de Foxconn pour faire évoluer Drive Orin.
Néanmoins, produire des véhicules, si aboutis et autonomes soient-ils, ne fait pas d’une entreprise un fabriquant compétitif, tant la logistique d’ensemble (production, distribution, maintenance, rappel, évolution) est un problème global que presque aucun nouvel entrant n’a résolu depuis plusieurs années. Sauf Tesla. Alors, Foxconn viendra-t-il réellement concurrencer les projets futurs de son allié Apple ? Le sous-traitant pourra-t-il prendre des parts de marché à Elon Musk ?