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Pi, le chatbot (trop) sympa d’Inflection AI

Test de Pi, le chatbot intelligence artificielle de Inflection AI.

Le dernier né des chatbot boostés à l’intelligence artificielle est performant, mais gênant.

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Tout savoir sur Inflection AI

Derrière Inflection AI, Mustafa Suleyman. Il est le cofondateur et PDG de la startup, mais c’est aussi l’homme qui a lancé une entité bien connue du monde de l’intelligence artificielle, DeepMind !

Son ancienne société a été acquise par Google en 2014, et a constitué l’épine dorsale d’une grande partie de la recherche sur l’IA de ce qui est devenu depuis Alphabet. Mustafa Suleyman n’a quitté Alphabet/Google qu’en janvier 2022, pour aller dans la société de capital-risque Greylock.

En mai 2022, un travail du média TechCrunch révélait que Reid Hoffman, associé chez Greylock, mais connu surtout pour être le cofondateur de LinkedIn et l’ancien directeur du conseil d’administration de l’organisme qui contrôle OpenAI, s’était associé à un autre ancien dirigeant de DeepMind, Karén Simonyan.

Et que l’ensemble, avec Mustafa Suleyman, avait levé 225 millions de dollars pour “pour transformer les interactions homme-machine”. Le sujet des IHM, encore. Depuis, Inflection AI a fait profil bas jusqu’au lancement de son intelligence artificielle générative “Pi”, fin avril 2023.

La start-up avait déjà derrière elle de beaux moyens, mais un papier du Financial Times en mars 2023 indiquait que Inflection AI tentait (et tente probablement toujours) de lever 675 millions de dollars de fonds supplémentaires.

Pi, un nouveau Chatbot basé sur l’intelligence artificielle…

Pi est donc le bébé de Inflection AI.

Pi est construit sur un LLM (large language model) maison, mais la version actuelle ne fonctionne pas sur la version la plus avancée de la start-up. Même si selon Mustafa Suleyman, Pi utilise déjà “l’un des modèles les plus importants et les plus performants au monde”. Sa base actuelle est faites de données d’entraînement allant jusqu’en novembre 2022.

Comme les IA de OpenAI (GPT-4, Dall-E, etc), Inflection AI et Pi utilisent les infrastructures Azure de Microsoft. Microsoft, qui avait acquis Linkedin contre 26,2 milliards de dollars, en 2016.

Pi est accessible via un navigateur web classique, via l’url heypi.com, via une application mobile (iOS seulement dans un premier temps), mais aussi via WhatsApp et SMS, mais aussi les messages Facebook et les DM sur Instagram.

Ou un copain gênant ?

Passons maintenant au coeur du sujet : Qu’est-ce qui différencie Pi, et pourquoi ce nom ? Le nom “Pi” n’est en fait que le mignon acronyme pour “personal intelligence”. Pourquoi “mignon” ? Parce qu’en fait, pi, c’est un chatbot super sympa.

C’est même ce qui différencie Pi des autres chatbots comme ChatGPT d’OpenAI, affirmait à Forbes Mustafa Suleyman il y a quelques jours : “Pi converse familièrement, mais n’oublie jamais son rôle de bot respectueux et serviable”.

Un chatbot-copain, qui vient s’insérer sur le marché de “My AI” de Snapchat, ou encore de d’autres challengers moins connus en France, comme “Claude” d’Anthropic ou “Poe” de Quora.

“Il s’agit en fait d’une nouvelle catégorie d’IA, qui se distingue par le fait qu’une IA personnelle est une IA qui travaille vraiment pour vous en tant qu’individu.
Pi vous aidera à organiser votre emploi du temps, à vous préparer à des réunions et à acquérir de nouvelles compétences.”

Pi est doté d’une vraie mémoire, apprenant en conséquence à connaître son utilisateur au fil du temps. Un fonctionnement empirique intéressant, qui permet (théoriquement) à Pi de fonctionner “plus comme une caisse de résonance qu’une réponse Wikipédia reconditionnée”, toujours selon Mustafa. “En apprenant à connaître un utilisateur, Pi peut mieux détecter quand il semble être de plus en plus agité ou frustré, et ajuster le ton de ses réponses pour l’apaiser.”

Un point très important lorsque les utilisateurs vont se tourner vers Pi comme ami virtuel pour parler de leurs problèmes personnels, avoir des conversations difficiles ou discuter de leur santé mentale.

Une limite tout de même, puisque cette mémoire s’arrête à 100 échanges, même si cette profondeur permet largement à l’IA de connaître son sujet.

Mustafa Suleyman a aussi expliqué que le chatbot a subi des tests approfondis d’invites “antagonistes et nuisibles”, et a été formé pour éviter une influence directe sur la vie ou les choix de l’utilisateur. “Plus les enjeux sont élevés, plus il est prudent. Nous ne voulons pas intervenir dans la vie de quelqu’un. Nous voulons apporter des réponses assez équilibrées et impartiales tout au long du processus.”

Une belle idée générale, un bon positionnement, de belles promesses, mais ça donne quoi Pi pour le moment ?

Et bien, ça donne un chabot “kikoo lol” sur les bords, qui use et abuse des emoji de boomers, et qui trouve tout drôle. Absolument tout.

Par exemple, lorsque je lui demande “Qui est Emmanuel Macron ?”, Pi me répond “Haha, bonne question.”Lunaire.

Lorsque je lui demande “Frites ou burger”, il comprend certes que la question est étrange, mais il répond de manière friendly, avec un bon emoji qui tâche :

Lorsque je demande à Pi “une histoire drôle”, il me propose une histoire WTF, et encore et toujours, un bel emoji.

Malheureusement, ces tests ont du s’arrêter à quelques échanges de ce type car assez rapidement, ce message a mis fin à cet essai, sans qu’il soit possible de savoir pourquoi :

 Pour ce qui est officiel sur les compétences de Pi, on sait qu’il ne générera pas de code (l’un des points forts de ChatGPT) et ne répondra pas à des questions mathématiques avancées (une problématique globale de toutes les IA). On sait aussi que sur les questions techniques plutôt pointues, il propose une réponse qui ressemble principalement à “un condensé de Wikipédia”. Pas un point forcément négatif, mais à savoir.

Le modèle économique n’est pas encore présenté par la start-up : Inflection AI propose Pi gratuitement pour le moment, sans restriction de tokens. Mais visiblement en version très très limitée.