Le nouveau propriétaire du FC Versailles, Alexandre Mulliez, petit-fils du fondateur du groupe Auchan, est un entrepreneur déjà passé par de très nombreux secteurs d’activité, à 37 ans.
Image en couverture : © Alexandre Mulliez
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En proie à de lourdes difficultés financières, les propriétaires du FC Versailles ont trouvé un nouvel actionnaire majoritaire au nom familier : Alexandre Mulliez, ancien vice-président du groupe Auchan.
Un nouvel actionnaire majoritaire au FC Versailles, pour enfin atteindre la Ligue 2 et sortir le club de sa situation financière difficile
Un nouvel actionnaire majoritaire prend place au club de foot de la ville de Versailles, le FC Versailles. Comme le révélait le 4 juin le journal l’Équipe, ce nouvel actionnaire majoritaire est un nom bien connu, puisqu’il s’agit d’Alexandre Mulliez, ex-vice-président d’Auchan France, mais surtout petit-fils de. Il devrait investir environ 3 millions d’euros (bonus compris).
Toujours d’après l’Equipe, Alexandre Mulliez vient au FC Versailles accompagné de son fidèle bras-droit Fabien Lazare, et tous deux devraient occuper des fonctions opérationnelles au sein du club (sans que les contours soient encore connus).
Une prise de fonction directe en plus des capitaux, qui aurait participé à convaincre Julien Ridon et Christophe Petit, les actuels actionnaires. Les deux auraient repoussé “des offres étrangères supérieures financièrement”, privilégiant un accompagnement managérial des capitaux investis aux capitaux eux-mêmes. Christophe Petit et Julien Ridon resteront cependant au conseil d’administration.
Le Football Club de Versailles 78 est actuellement dans une situation financière compliquée. L’épopée en Coupe de France 2021 est déjà loin. Si les résultats sportifs ont été globalement positifs ces dernières années (de la huitième division à la fin des années 2000 à la troisième division (National) depuis la saison 2022/2023), les choses n’ont pas été bonnes en 2023. Pour ses quatre derniers matchs, le FC Versailles accuse quatre défaites. Conséquence, alors que le club visait la montée en Ligue 2, il termine finalement 5ème à 51 point, à neuf points du Red Star 3ème (60 points) et onze points du champion Concarneau.
Conséquence : pas de Ligue 2, et des revenus qui vont avec. Un coup d’autant plus dur que Versailles était sur le podium la plus grande partie de la saison, avant de dégringoler dans le sprint final.
Et la DNCG est inquiète, car le FC Versailles est à la tête d’un déficit estimé à plusieurs millions d’euros, avec un risque de dépôt de bilan envisagé un temps, et des retards de paiement (prestataires, salaires, location du stade Jean-Bouin…).
Le stade, un sujet critique pour le club. Si le FC Versailles a pour camp de base le mythique Stade Montbauron, poumon sportif d’une ville aux équipements nombreux et qualitatifs, le club ne peut y jouer ses rencontres à domicile. Or, jouer à Jean Bouin ou au Stade Michel-Hidalgo a un coût.
Plusieurs gros salaires grèvent aussi la masse salariale, alors que les objectifs sportifs n’ont pas été atteints. L’entraineur, le brésilien Cris, a annoncé son départ il y a quelques jours à peine, après six mois à la tête de l’équipe.
Les nouveaux actionnaires vont très probablement réduire la voilure, tant au niveau de l’équipe que des infrastructures, tout en investissant pour permettre l’accession tant espérée en Ligue 2, au mieux dans quatorze mois désormais.
Qui est Alexandre Mulliez, fils de, et serial entrepreneur
Alexandre Mulliez, 37 ans, est donc ce nouvel actionnaire majoritaire qui doit venir injecter des capitaux et apporter ses compétences pour emmener le FC Versailles vers les sommets du foot français, après plusieurs belles années de progression.
Alexandre Mulliez est le petit-fils du fondateur du groupe Auchan Gérard Mulliez, mais c’est aussi un touche-à-tout qui a essayé, beaucoup essayé.
Le grand public connait d’ailleurs surtout Alexandre Mulliez en tant qu’ex vice-président d’Auchan Retail France (entre janvier et décembre 2021), où il avait “été mandaté pour concevoir le Auchan France du futur“. Une expérience finalement assez courte dans la galaxie familiale, même si il aurait été aussi “Chef de rayon Fruits et Légumes”, entre février 2019 et mars 2020.
Un poste surprenant, car avant cela, Alexandre Mulliez a lancé plusieurs entreprises depuis bientôt une quinzaine d’années, aux métiers très divers, et dont on conçoit mal la compatibilité avec un poste de “Chef de rayon”.
- En 2010, Alexandre Mulliez crée Hartô, une entreprise d’ameublement en ligne (tables, bureaux, buffets, miroirs, lampes etc). Hartô déclare 1,4 millions de chiffre d’affaires en 2022.
- En 2012, Alexandre Mulliez participe à lancer l’agence de publicité Orès. L’agence est un succès, puisqu’elle revendique 25 millions d’euros de CA en 2022, avec cinq bureaux (dont deux en Asie). Une agence qui a cédé 52% de ses parts à l’European Digital Group (EDG) de Vincent Klingbeil fin 2020. L’EDG, un groupe qui compte aussi les agences Follow (voir) et Ad’s Up, ou encore LesBigBoss.
- En 2015, Alexandre Mulliez est impliqué dans le lancement de la start-up Koober, qui publie des résumés de livres, qui affichait 2,3 millions d’euros de CA en 2021 : “Les livres incontournables du développement personnel en podcasts de 20 minutes.”
- En 2019, c’est dans le projet DAB Motors que s’investit Alexandre Mulliez. DAB Motors propose la CONCEPT-E, une moto électrique haut de gamme (et qui a sa déclinaison spéciale avec Burberry, à partir de 29 9000 euros).
- Enfin, Alexandre Mulliez a aussi co-fondé Coco Cooking, en 2021.
Alexandre Mulliez est aussi co-priopriétaire du Tzantza, un restaurant discret du centre de Paris à la cuisine “d’inspiration nikkei aux accents latino-américains” selon Paris Bouge, sous lequel se trouve le Sauvage, un bar – boîte de nuit discret mais huppé.
Mais tout est à un moment aussi allé trop vite pour Alexandre Mulliez, qui a connu une période difficile il y a une dizaine d’années, comme il l’expliquait en septembre 2017, sur le site Job Etudiant :
“Mon impatience mêlée à ma confiance en moi m’ont joué des tour. Un échec total qui m’a mené au burn-out à 25 ans. Un échec financier, humain, un fiasco en termes de gestion… L’un de mes deux associés m’a dupé et m’a dissimulé beaucoup de choses. Je ne m’en suis pas rendu compte. C’est aussi l’échec d’une amitié. J’étais persuadé de pouvoir tout résoudre tout seul. Je cherchais à cacher les problèmes davantage qu’à les expliquer. Je refoulais l’échec et refusais l’idée que ça puisse aller mal. Ce qui me console, c’est que cette boîte est aujourd’hui devenue une magnifique réussite…”
Alexandre Mulliez s’est servi de son burn-out pour progresser et changer sa vision du management et des relations humaines :
“Pour être honnête, je m’imaginais que j’avais ‘tout vu, tout fait’, comme on dit, que je pouvais me contenter de mes lectures et de mes voyages, poursuit-il. Je suis tombé de haut.Je fais tout le contraire de ce que je faisais avant cet échec. Aujourd’hui, je partage, je ne prends aucune décision sans en avoir parlé autour de moi. À l’époque, je cachais les problèmes. Désormais, je soulève le tapis.”
A 37 ans, après la grande distribution, le marketing et la publicité, l’ameublement, la culture et le développement personnel, les véhicules électriques ou encore la restauration sous plusieurs formes, Alexandre Mulliez s’attaque donc au domaine du sport.
D’après Challenges, la fortune de Gerard Mulliez est de 22 milliards d’euros en 2022. La famille Mulliez est à la tête des entreprises Décathlon, Auchan, Leroy Merlin, Boulanger, Flunch, Kiabi, Weldom, Jules, Brice ou encore Cultura (liste non-exhaustive).