Alors que Elon Musk et ses nouveaux partenaires ont développé xAI dans une conférence dédiée, que retenir d’important sur la nouvelle entreprise d’intelligence artificielle de Elon Musk.
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Elon Musk lance officiellement xAI
Il y a maintenant une semaine, Elon Musk a lancé xAI dans le grand bain. Quelques mois après avoir créé l’entité administrative, Elon dévoilait (enfin) sa nouvelle société d’intelligence artificielle au grand public le 12 juillet dernier. Dans un tweet, cela va de soit :
Dans la foulée, un article publié sur le site officiel x.ai dévoilait une équipe complète, composée de noms déjà connus du secteur de l’intelligence artificielle (voir notre article dédié). Et un début d’ambition, et pas des moindres : “Le but de xAI est de comprendre la vraie nature de l’univers.”
Mais c’est seulement le surlendemain que xAI a été dévoilé plus en profondeur, dans une conférence dédiée… organisée sur Twitter, évidemment (via le format Spaces).
Que retenir de la première conférence de présentation de xAI (sur Twitter)
Lors de cette conférence, Elon Musk et plusieurs de ses nouveaux partenaires ont présenté et développé xAI. Revenant sur plusieurs points, de l’ambition générale de cette nouvelle entité à sa place sur le marché, en passant par l’équipe, le cadre technique, Tesla, Twitter et l’AGI.
L’ambition de xAI, de l’AGI à la réalité
Elon Musk pense que la prédiction de Ray Kurzweil concernant l’émergence d’une intelligence artificielle générale (AGI) d’ici 2029 est assez exacte, à un an près. Mais Elon a déclaré que l’objectif de xAI était de construire une bonne AGI, dans le but de comprendre l’univers.
Il a expliqué que le moyen le plus sûr est de construire une AGI qui soit “curieuse au maximum” et “curieuse de la vérité”, et d’essayer de minimiser l’erreur entre ce que vous pensez être vrai et ce qui l’est réellement : “Pour une superintelligence en quête de vérité, l’humanité est beaucoup plus intéressante que la non-humanité, et c’est donc le moyen le plus sûr d’en créer une.” Musk a donné l’exemple de l’espace et de Mars, qui sont très intéressants, mais qui ne sont rien en comparaison de l’intérêt qu’offrent la Terre et l’humanité.
Musk vise aussi les “choses que nous pensons comprendre mais que nous ne comprenons pas en réalité”, les questions non résolues, comme l’existence d’extraterrestres. Il a déclaré n’avoir vu aucune preuve de l’existence d’extraterrestres jusqu’à présent, et a abordé le paradoxe de Fermi et sur la possibilité que d’autres “consciences” n’existent pas dans notre galaxie.
Une IA en quête de vérité, basée sur de la puissance technique
D’un point de vue plus terre à terre, xAI veut aussi proposer des réponses satisfaisantes à des points concrets : “Si vous posez des questions techniques aux IA avancées d’aujourd’hui, vous n’obtenez que des absurdités”. Musk pense donc que nous sommes loin du compte, de plusieurs ordres de grandeur, et qu’il faut que tout cela s’améliore.
Pour cela, xAI aura à sa disposition des moyens informatiques conséquents (10 000, 20 000, voire 40 000 GPU à moyen terme, ce n’est pas encore clair), mais Elon pense que le recours à la “force brute” diminuera au fur et à mesure que l’IA “comprendra mieux les problèmes”.
Il a ajouté que, d’après son expérience chez Tesla, les problèmes sont trop compliqués. “Nous sommes trop bêtes pour réaliser à quel point les réponses sont simples”, a-t-il expliqué. “Nous le découvrirons probablement aussi avec l’AGI. Une fois l’AGI résolue, nous regarderons en arrière et nous nous demanderons pourquoi nous pensions que ce serait si difficile.”
Cependant, si xAI travaillera bien avec les données de Twitter, l’entreprise travaillera différemment avec Tesla, car comme Tesla est une société publique (coté en bourse), il n’y aura pas de lien de dépendance. Mais Elon prédit que même avec des sources de données conséquentes comme Twitter, l’IA devra un jour générer son propre contenu et y accéder de manière autonome.
Répondant à une question, Musk a aussi expliqué qu’il était très dangereux d’entraîner l’IA à être politiquement correcte ou de l’entraîner à ne pas dire ce qu’elle pense être vrai. Chez xAI, ils laisseront donc l’IA dire ce qu’elle pense être vrai, et Musk pense que cela donnera lieu à des critiques. Nous aussi. Mais pour Elon, il est très dangereux de développer une IA et de lui apprendre à mentir.
Une intelligence artificielle (enfin) forte en math ?
Avant de cofonder xAI, Christian Szegedy a dirigé un projet de recherche de Google visant à créer un “mathématicien automatisé”. Son ancien collègue Yuhuai “Tony” Wu, qui a également rejoint xAI, avait déclaré au New York Times qu’il souhaitait utiliser l’apprentissage automatique pour “résoudre les mathématiques” en créant une IA capable de déchiffrer les théorèmes par elle-même.
Greg Yang, un autre mathématicien qui a rejoint xAI, a laissé entendre qu’il prévoyait de créer une IA capable d’aider l’humanité à mieux comprendre les lois mathématiques de l’univers. “Tout mathématicien/théoricien enthousiaste à ce sujet doit me contacter par messagerie instantanée”, avait-il tweeté. Pour lui, xAI pourrait ouvrir de nouvelles perspectives à des questions existantes, telles que la “théorie du tout”.
Alex Kontorovich, professeur de mathématiques à l’université Rutgers, a lui expliqué son point de vue : Depuis des décennies, les ordinateurs aident les mathématiciens à reconnaître des modèles, ce qui rend leur travail plus efficace. Mais l’IA n’est pas encore capable du raisonnement nécessaire pour résoudre des théorèmes avancés. Cela s’explique en partie par le fait qu’il n’y a actuellement pas assez de données disponibles pour qu’un modèle mathématique d’IA puisse s’entraîner. Pour qu’un ordinateur puisse traiter un théorème, celui-ci doit être traduit du langage naturel en un type de code formalisé dont la logique peut être vérifiée.
Alex Kontorovich estime qu’il existe environ 10 millions de lignes de ces données, alors que ChatGPT a été entraîné sur des milliards de milliards de lignes de langage humain. xAI pourrait contribuer à résoudre le problème en créant sa propre base de données de mathématiques formalisées ou en participant à des projets open source existants tels que Lean, dirigé par Leo de Moura, chercheur chez Amazon.
La place de xAI sur le marché
Ce n’est plus un secret pour la plupart des gens : Elon Musk a co-fondé OpenAI, l’entreprise qui propose ChatGPT. Mais il en est assez rapidement parti, ayant de fortes divergences avec l’autre fondateur, Sam Altman, et la vision business de celui-ci.
Aussi, c’est sans surprise que Elon Musk a déclaré que xAI est construit pour concurrencer OpenAI, lorsqu’il a été interrogé par le célèbre journaliste tech Brian Krassenstein. Il s’en est même pris plus largement au modèle de OpenAI, répondant à la question “En quoi xAI est-elle différente des autres entreprises d’IA ?” :
“OpenAI est une entreprise à code source fermé, avide de profits, qui dépense 10 milliards de dollars en trois ans. C’est un résultat ironique. xAI n’a pas de parti pris pour les incitations du marché, et trouve donc des réponses qui sont controversées mais vraies.”
Il a également cité Google. Mais l’objectif affiché est de faire de xAI un outil utile pour les consommateurs et les entreprises, et il est utile d’avoir plusieurs entités et de la concurrence. Elon a déclaré que la concurrence rend les entreprises honnêtes et qu’il y est donc favorable. On ne peut s’empêcher de penser à Zuckerberg, qu’il visait quelques jours plus tôt, lorsqu’il expliquait que si la concurrence est saine, la triche ne l’est pas, en parlant de Threads, cette vulgaire copie de Twitter.
Comme cela a déjà été expliqué, xAI utilisera également les tweets de Twitter pour ses modèles d’entraînement. xAI collaborera avec Tesla de multiples façons, “dans l’intérêt mutuel des deux parties”. Les capacités de conduite autonome de Tesla seront améliorées grâce à xAI. Mais Tesla est déjà très avancée dans la recherche autour de l’intelligence artificielle, et une fois les relations (bien) faites entre les deux entités, les deux vont s’enrichir mutuellement.
Une équipe déjà virtuellement riche (en GPU, et peut-être en dollars)
Notre premier article sur xAI traitait déjà de l’équipe, d’un point de vue très académique. L’équipe fondatrice était présente lors du Space pour se présenter, et il en ressort une team impressionnante, avec un parcours plus que solide. Les membres de l’équipe ont des antécédents chez Deep Mind, OpenAI, Google, Tesla, Microsoft ou encore Nvidia.
Une petite équipe d’experts mais qui aura “une grande quantité de GPU par personne”. Dans cette équipe, des noms connus et des compétences qui ont déjà pesé sur le marché de l’IA.
Elon Musk a cherché à recruter les meilleurs talents pour sa nouvelle société d’intelligence artificielle, en leur offrant des actions de l’entreprise. Des actions qui, selon lui, vaudrait déjà des milliards de dollars.
Car si xAI valait 20 milliards de dollars – une évaluation proposée par Musk – avant sa création, chaque offre de 1% en options d’achat d’actions équivaudrait à une prime à la signature de 200 millions de dollars. Ses efforts en terme de recrutement ont visiblement été couronnés de succès, au vue de la qualité de l’équipe qu’il a composé en quelques mois seulement.
Des informations supplémentaires sur la première version de xAI seront communiquées dans quelques semaines, a priori d’ici la fin de l’été 2023.